Louis Couperin
On ne sait pas beaucoup de choses sur Louis Couperin (qu’on connaît surtout pour être l’oncle du plus fameux François Couperin), alors qu’il est en réalité le premier de la dynastie musicale à s’être fait remarquer. Clerc à Chaumes, sa formation musicale est obscure, mais Titon du Tillet retrace l’événement fondateur de son succès : une sérénade au château de Jacques de Chambonnières, claveciniste du roi qui, charmé par la musique de Louis Couperin, l’invite à Paris et l’introduit à la cour, probablement en 1651. A cette période, Johann Jakob Froberger séjournait dans la capitale : le maître allemand, adepte des audaces harmoniques et initiateur du stylus phantasticus, a vraisemblablement eu une influence notoire sur Louis Couperin, si l’on en croit les citations de certains passages des toccatas du premier dans les préludes non mesurés du second. La consécration arrive en 1653 lorsque Couperin devient l’organiste de l’église Saint-Gervais, un poste qui restera d’ailleurs dans la famille de génération en génération jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle. La mort prématurée de Louis Couperin, qui survient à peine dix ans après son arrivée dans la capitale, laisse une œuvre ramassée mais tout à fait remarquable : mises à part quelques pièces pour violes, hautbois ou trio à cordes, il a en immense majorité composé pour le clavecin et l’orgue, instruments pour lesquels il fait preuve d’une grande inventivité. Son œuvre de clavecin est fondée sur la tradition de la suite, c’est-à-dire des danses de cour, tout en s’éloignant des rythmes codifiés à l’instar des luthistes de son époque et des clavecinistes italiens, qui lui inspirent une grande liberté métrique et un lyrisme discret. Bien avant le désir de son neveu François « le Grand » de marier les goûts nationaux de l’un et de l’autre côté du Piémont, Louis Couperin initie une synthèse esthétique promise à un grand avenir.