Franz Berwald
Le plus grand compositeur suédois de musique instrumentale et l’un des créateurs les plus originaux de la première moitié du dix-neuvième siècle, Franz Berwald n’a malheureusement pas connu la renommée qu’il mérite. Prodige du violon avec lequel il se produit en public dès ses dix ans avant d’entrer quelques années plus tard à la Chapelle royale de Stockholm, ses premières œuvres manifestent déjà une maîtrise et une grand liberté d’écriture. Grand défenseur de la musique de son temps, il publie son propre Journal musical, organe de diffusion d’œuvres de Dupuy Méhul, Spohr, Viotti, ainsi que certaines de ses propres compositions. Après avoir essuyé quelques échecs à Berlin, ville qu’il découvre à regret moins réceptive à son radicalisme esthétique affiché que Stockholm, il décide d’abandonner la composition pour prendre la tête d’un institut orthopédique. Ce n’est qu’en 1841 qu’il s’installe à Vienne, où il se remet à composer, en commençant par sa deuxième symphonie, dite Sérieuse (1841), ainsi que plusieurs poèmes symphoniques qui reçoivent un accueil critique cette fois très favorable. A son retour en Suède, son style atteint une maturité qu’on peut percevoir dans la Sinfonie singulière, publiée en 1845. On y reconnaît déjà son talent d’orchestrateur, audacieux et saisissant, particulièrement exigeant au niveau des dynamiques et des effets de masse qui n’ont rien à envier au dernier Beethoven. Ses six symphonies renouvellent la forme par une construction assez inhabituelle, comme l’intrusion d’un scherzo au milieu d’un mouvement lent ou encore l’écriture d’une œuvre en un mouvement unique, ponctuée de fréquents changements de tonalité et de tempo. Parmi ses nombreuses œuvres de musique de chambre, on retient plus particulièrement son Septuor pour cordes écrit en 1828, qui marche sur les traces de celui de Beethoven tout en présentant des thèmes agités d’une véritable expression romantique et d’un lyrisme typiquement nordique. Berwald fut prolixe dans le répertoire chambriste : la seule année 1849 voit naître deux trios pour piano et cordes ainsi que deux quintettes avec piano. Le Quintette en la majeur est dédié à Liszt, qui encense dans une lettre adressée au compositeur suédois son « style noble » et son « harmonieuse originalité ». En 1864, la consécration arrive avec sa nomination à l’Académie royale de musique suédoise. Trois ans plus tard, il enseigne la composition au conservatoire de Stockholm. Il mourra d’une pneumonie l’année suivante.