5 août 2017
Les interprètes : Omer Bouchez, Léa Hennino, Yan Levionnois, Anthony Kondo, Yann Dubost, Amaury Viduvier, Julien Desplanque, Rafael Angster
GIOACCHINO ROSSINI (1792-1868)
Duetto pour violoncelle et contrebasse (1824)
En 1824, Gioacchino Rossini est un musicien acclamé, courtisé et riche, qui compose exclusivement pour la scène. Avant de décider, à trente-sept ans, d’arrêter de noircir du papier à musique, il trouvait le temps pour écrire quelques pièces de musique instrumentale. Lors de son séjour londonien, il est reçu par le banquier David Solomon,
violoncelliste amateur, qui a également invité Domenico Dragonetti, contrebassiste virtuose qui avait connu Joseph Haydn et Ludwig van Beethoven. A leur intention, Rossini composa cet étrange duo pour instruments graves. Le premier mouvement, Allegro, donne le ton, joyeux et enthousiaste. Il s’agit bien d’un duo, les deux instruments se répondant et partageant régulièrement les mêmes idées mélodiques. Rossini se plaît à visiter les zones
les plus extrêmes, du grave à l’aigu, des deux instruments, par des traits virtuoses et variés (doubles notes, cascades de doubles croches, pizzicatos, etc). L’Andante molto débute par un tendre balancement du violoncelle (rythme pointé, triolets, doubles croches) auquel répondra une suite régulière de croches en pizzicatos de la contrebasse. C’est également une suite régulière de croches, avec archet cette fois-ci, de la contrebasse qui accompagne le violoncelle dans un Allegro conclusif dansant (mesure à trois temps), brillant et malicieux.
FRANZ BERWALD (1796-1868)
Septuor pour violon, alto, violoncelle, contrebasse, clarinette, cor et basson (1817)
Peu à peu, l’œuvre de Franz Berwald, Suédois contemporain de Franz Schubert, connaît une juste réévaluation. Quasiment ignoré de son vivant, ce violoniste de formation issu d’une famille de musiciens allemands, dirigera une clinique orthopédique (!) à Berlin, une
scierie (!!) et une fabrique de verre (!!!) pour assurer ses revenus. Dans un catalogue de musique plutôt modeste, le septuor tient une belle place à côtés de trois quatuors à cordes et de deux quintettes avec piano. Composé en 1817 puis révisé une dizaine d’années plus tard, empruntant le même effectif que l’opus 20 de Beethoven (clarinette, cor, basson, violon, alto, violoncelle et contrebasse), il résume les qualités de Berwald : un charme mélodique évident (en parfaite opposition avec les portraits sinistres de l’homme), une
texture claire et des tournures souvent surprenantes. Construit en trois mouvements, ce septuor débute par un Adagio théâtral comme une ouverture d’opéra de Rossini, ponctué de nombreux tutti avant que la clarinette n’énonce le thème principal, très simple. L’instrument conserve son rôle moteur durant tout l’Allegro molto. Marqué Poco adagio le
mouvement central n’est pas que méditatif. Il commence certes par une mélodie douce et sinueuse, confiée à la clarinette aussitôt reprise par le violon, mais se voit dérangé par le Prestissimo d’un turbulent scherzo. Un Allegro con spirito bien nommé conclut
cette œuvre délicieuse dans un climat qui, à nouveau, peut évoquer l’effervescence des opéras de Rossini.