20 avril 2014, 11h
Les interprètes : Pierre Fouchenneret, Bruno Philippe, Guillaume Bellom
Une autre bonne habitude du Festival de Pâques de Deauville est de proposer régulièrement un concert entièrement gratuit et dédiée à la musique du XXe siècle. C’était le cas en ce dimanche matin du 20 avril 2014 où Guillaume Bellom, Pierre Fouchenneret et Bruno Philippe proposaient entre autres une lecture pleine de vie du trio de Philippe Hersant Variations sur la Sonnerie de Sainte-Geneviève-du-Mont. L’œuvre est une variation sur des variations, puisqu’elle s’appuie sur une pièce de Marin Marais pour violon, viole de gambe et clavecin où un même motif de trois notes sert de trame à une démonstration virtuose du violon. Le motif en question se retrouve bien évidemment chez Hersant, mais les changements harmoniques sont logiquement plus nombreux que chez son prédécesseur. Pas de pastiche en tout cas, mais un véritable hommage d’un homme du vingtième siècle à un lointain cousin musicien.
S’il ne restent que quelques éléments de l’abbaye de Sainte-Geneviève-du-Mont dont la base du clocher de son église, intégré au lycée Henri IV, derrière le Panthéon à Paris, nous conservons le souvenir de ses cloches grâce à Marin Marais (1656-1728). Le compositeur et joueur de viole a en effet composé en 1723 une Sonnerie de Sainte-Geneviève-du-Mont pour violon, viole de gambe et clavecin. Cette évocation musicale s’appuie sur la répétition obstinée et immuable de trois notes, ré, fa, mi par les deux instruments graves. Puis le violon fait une entrée virtuose avant que ses deux complices se mettent eux aussi à fleurir leurs lignes alors que la mesure ne quitte jamais ses trois temps. C’est sur cette pièce fascinante et étourdissante que Philippe Hersant, magicien de la ligne et de la couleur, a composé des variations. Variations sur des variations car la musique de Marais ne cesse de changer. L’instrumentation s’est modernisée, troquant la viole pour le violoncelle et le clavecin pour le piano. Le compositeur a élargi la pièce (une vingtaine de minutes) sans renoncer à son caractère répétitif : au violon incombe ainsi, au début tout du moins, les trois fameuses notes jouées très vite. Mais il deviendra très vite difficile, voire impossible, de retrouver derrière les traits des instruments la mélodie originale : ici le début de la partie de violon originelle, là le retour de l’ostinato. Peu importe, l’intérêt n’est pas de reconnaître mais de se laisser porter par une musique hautement inspirée qui carillonne ensuite dans sa tête une fois la partition refermée.