20 avril 2018
Les interprètes : Augustin Dumay, Elina Buksha, Manuel Vioque-Judde, Mathis Rochat, Yan Levionnois, Victor Julien-Laferrière
JOHANNES BRAHMS (1833-1897)
Sextuor à cordes n° 1 en si bémol majeur, opus 18
Les cinéphiles connaissent probablement sans savoir qui en est l’auteur le Sextuor opus 18 de Brahms. En tout cas son mouvement lent, devenu le leitmotiv du film de Louis Malle Les Amants, tourné en 1958 avec Jeanne Moreau. S’il ne pensait évidemment pas au cinéma quand il entreprit ce sextuor, à vingt-sept ans, Brahms entendait sans doute l’orchestre sans encore oser l’approcher. Brillant pianiste, il avait confié à son instrument ses premiers opus, des sonates, des variations, des ballades, des lieder, un concerto. Les premiers quatuors intégreront le piano et les premières pages pour cordes ne sont pas des quatuors mais des sextuors. Malgré son jeune âge, le compositeur se montre hostile à la musique moderne de Wagner et préfère la discipline de l’école des anciens. Il restera donc fidèle aux modèles du classicisme comme en atteste ce sextuor pour deux violons, deux altos et deux violoncelles. Fidèle mais non figé puisque le premier mouvement, Allegro ma non troppo, en si bémol majeur, réunit trois thèmes, comme souvent Bruckner, au lieu des deux traditionnels. Le premier violoncelle présente le premier, ample et majestueux, espressivo, sur un nombre impair (neuf) de mesures, aussitôt repris par le premier violon et le premier alto. Les violons, les premiers alto et violoncelle exposent le deuxième sujet, pianissimo et dolce dans la tonalité inattendue de la majeur, sur les pizzicati des seconds alto et violoncelle. Le premier violoncelle se charge du troisième, animato, en fa majeur, avec le renfort du premier violon. Dans le mouvement lent, Brahms rappelle son attachement aux formes anciennes et à une des plus usitées, la variation. Le premier alto fait entendre le sujet, douloureux, presque résigné et saccadé de rythmes pointés tandis que les autres cordes graves marquent les temps. Six variations suivront. C’est la mélodie qui accompagne Les Amants. Les deux violons annoncent le scherzo aux accents rustiques sur les pizzicati des violoncelles. Le trio central, animato, joue d’une descente et montée en notes jointes et entretient ce mouvement perpétuel. Le finale, en forme de rondo (refrain et couplets) étonne par son allure modérée (Poco allegretto e grazioso) et son idée principale plus a priori plus propice au mouvement intermédiaire d’un divertissement (une autre allusion au classicisme ?) qu’à la conclusion d’une pièce romantique.