10 août 2021
Les interprètes : Quatuor Hanson, Anton Hanson, Jules Dussap, Gabrielle Lafait, Simon Dechambre, Guillaume Vincent
JOHANNES BRAHMS
Quintette pour piano et cordes en fa mineur (op. 34)
En 1861, Johannes Brahms compose un quintette pour deux violons, alto et deux violoncelles, juste avant de gagner Vienne pour la première fois. La réaction de Clara Schumann est enthousiaste : « Je ne sais comment te dire objectivement la grande joie que ton quintette m’a donnée. Quel monde de force il y a dans le premier mouvement, et quel adagio ! Quel chant de la première à la dernière note ! » Le célèbre violoniste Joseph Joachim renchérit : « Cette oeuvre est certainement de la plus haute importance. Les mouvements, considérés isolément, s’unissent en un tout parfait… » Ou presque. Joachim émet des doutes sur l’effectif instrumental choisi par Brahms, trop léger selon lui. Le compositeur va donc expérimenter une version pour deux pianos avant de trouver le juste milieu : le Quintette pour piano et cordes opus 34 est édité en 1865.
L’oeuvre suit une forme traditionnelle en quatre mouvements, à laquelle Brahms donne cependant de larges proportions grâce notamment à la richesse des éléments thématiques. Après un unisson interrogatif et une brève lutte entre le piano et les archets, le premier mouvement est lancé en tutti avec sérieux et panache. Mais le doute apparaît bientôt : hésitant autour d’une note, un chant sensible émerge à l’alto et au violoncelle. Un bref développement survient, clé de voûte de l’architecture très claire de la forme-sonate : les motifs exposés initialement réapparaissent ensuite selon une symétrie parfaite. Dans la section finale, Brahms laisse un temps planer le mystère avant de conclure énergiquement.
En guise de deuxième mouvement, le compositeur agence un Andante lyrique à la texture dense. Le piano et les cordes combinent leurs voix dans un contrepoint d’une grande souplesse rythmique, typiquement brahmsienne. S’ensuit un scherzo d’apparence fantastique : il démarre dans une brume syncopée avant d’éclater soudainement en un tutti aux accents féroces – le procédé rappelle Beethoven et le scherzo de sa Symphonie « Eroica ». Brahms insère ensuite un épisode fugué étonnamment sérieux. Au centre de ce troisième mouvement, un choral lumineux fait office de trio contrastant.
Particulièrement audacieux, le finale fait entendre une introduction lente extrêmement tendue. L’Allegro non troppo lance un refrain trépidant, vaguement inquiétant. Personnages secondaires et péripéties inattendues se succèdent jusqu’à une apothéose Presto non troppo. Le refrain y apparaît bouleversé ; le quintette se démultiplie pour conclure en un feu d’artifice spectaculaire.