Georg Philipp Telemann
Les chiffres avec Telemann donnent le vertige. Jugez plutôt : 6000 œuvres environ, comprenant notamment pour la musique vocale quelques 1800 cantates, une quarantaine de Passions, autant d’opéras. Pour la musique instrumentale aussi, la moisson est impressionnante avec ses ouvertures, ses concertos et ses sonates par centaines. On aurait tort cependant de réduire Telemann au seul rang de « compositeur le plus prolifique » de l’histoire de la musique. Ouvert à toutes les tendances et nouveautés de son époque, il a su se mouvoir avec aisance entre les styles allemand, français ou italien. Dans ce premier XVIIIe, il a surtout mené une carrière exemplaire, et ce alors qu’il était loin d’être destiné à la musique. Dès ses études de droit à Lepizig, la musique ne tarde cependant pas à le rattraper et il fonde un orchestre d’étudiants. Les premières charges ne tardent pas à se présenter à lui : on le retrouve un temps en Pologne maître de chapelle du comte von Promnitz, où il se familiarise avec la musique française, puis à Eisenach, où il croise la route d’un certain Jean-Sébastien Bach. La reconnaissance entre ces deux grands esprits est immédiate, et leur amitié perdurera tout au long de leurs carrières respectives (Telemann fut ainsi le parrain de Carl Philipp Emanuel Bach, et, en 1722, c’est lui qui était le premier choix des autorités de Leipzig pour devenir le nouveau cantor de la ville, loin devant Bach…). En 1712, Telemann décroche son premier poste d’envergure, en se mettant non pas au service d’un riche aristocrate, mais d’une ville, en l’occurrence Francfort-sur-le-Main où il devient directeur de la musique de la cité. L’hyperactif Telemann se démultiplie alors, continuant d’envoyer cantates et opéras à Eisenach et Leipzig tout en assurant à Francfort des charges d’enseignement et en répondant à toutes les demandes officielles qui lui parviennent de son employeur. Sa nomination en 1721 à Hambourg comme cantor du Johanneum et directeur de la musique des cinq églises de la ville est le prolongement logique de son expérience à Francfort. Là aussi, son agenda donne le tournis, le musicien étant capable, en plus de sa charge habituelle de travail, d’assurer la direction de l’opéra de la ville, de faire tourner un journal mensuel, de s’occuper de l’édition de ses partitions, sans compter la livraison de quelques pièces à Bayreuth, où il est maître de chapelle à la cour du margrave local. Mentionnons également en 1737-1738 un long séjour à Paris, où il rencontre les meilleurs musiciens du Concert Spirituel à qui il offre ses nouveaux Quatuors parisiens. Toujours à l’écoute des innovations de son temps, Telemann fait le lien dans ses dernières œuvres entre les périodes baroque et classique. Il s’éteint en 1767 à Hambourg, laissant à son filleul Carl Philipp Emanuel la lourde charge de lui succéder.