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1er mai 2014

18e Festival de Pâques de Deauville - jeudi 01 mai 2014
Salle Elie de Brignac-Arqana -

Les interprètes : Maîtrise de Caen, Victoire Bunel, L' Atelier de musique, Rodrigo Ferreira, Manuel Nunez Camelino, Virgile Ancely, Julien Chauvin

Le baroque enfin de retour à Deauville ! Après de trop longues années d’absence, ce concert du 1er mai 2014 marquait en effet la renaissance de la musique ancienne lors du festival. Ce répertoire fait pourtant partie de l’histoire de la manifestation, puisque c’est à Deauville que le Cercle de l’Harmonie a fait ses premiers concerts et s’est développé. Pour l’heure, les deux amis Bach et Telemann sont ici réunis pour un programme aux accents funèbres certes, mais jamais sinistres. La production surabondante de Telemann pourrait nous amener à considérer avec condescendance une œuvre isolée. Quelle erreur ce serait pourtant que de passer à côté d’une page aussi superbe et poignante que Du aber, Daniel, une cantate parmi 1800 autres, mais qui nous montre que l’enviable réputation de leur auteur de son vivant était tout sauf un hasard. La même gravité, la même profondeur, la même inspiration mélodique se retrouvent dans la vaste ode funèbre de Bach, Lass, Fürstin, lass noch einen Strahl, composée en l’honneur de la Reine Christiane Eberhardine, morte en 1727 fidèle à sa foi protestante malgré la conversion de son époux Frédéric-Auguste Ier de Saxe pour monter sur le trône de Pologne. Sans vocation liturgique, l’œuvre est cependant naturellement empreinte d’une grande religiosité, et tout porte à croire que Bach en ait réutilisé la trame musicale dans sa Passion selon Saint-Marc malheureusement perdue. En guise de mise en bouche, on goûtera la plus détendue Wassermusik de Telemann, une suite instrumentale où le goût du compositeur pour le style français transparait à chaque instant. Dirigée par Julien Chauvin, co-fondateur du Cercle de l’Harmonie, toute la jeune génération des ensembles baroques français est ici présente avec les forces cumulées de l’ensemble Desmarest et de l’Escadron volant de la Reine, sans oublier une équipe de solistes très en vue avec Victoire Bunel, Rodrigo Ferreira, Manuel Nunez Camelino et Virgile Ancely.

Contemporains et amis, Telemann et Bach ont tous deux voyagé au gré de leurs postes, comme la plupart des musiciens de l’époque, avant d’achever leur brillante carrière par un long office : Telemann régnera sur la musique de Hambourg de 1721 jusqu’à la fin de ses jours (son filleul Carl Philipp Emanuel Bach lui succédera) et Bach sur celle de Leipzig de 1723 à 1750. Tous deux ont écrit de la musique profane et sacrée influencée, comme tout ce premier XVIIIe siècle, par les styles italien et français.

La Wassermusik montre, comme la Water Music de Haendel, une profonde empreinte du second. Elle commence en effet par une ouverture en deux parties (une partie lente et majestueuse puis une autre, plus rapide, signalée par des notes répétées des violons) avant d’aligner plusieurs danses stylisées : sarabande, bourrée, loure, gavotte et autres menuets sont ainsi au programme mais Telemann leur assigne à chacune une figure : apparaissent ainsi Neptune amoureux, Le Jeu des naïades ou La Marée. Destinée à célébrer le centenaire de l’amirauté de Hambourg le 6 avril 1723, cette musique pour flûtes, hautbois, basson et cordes confirme le sens de l’humour (le roulis des Joyeux Marins en rythme pointé) et le coup d’œil d’un compositeur injustement mésestimé en France.

Qui d’ailleurs le considère trop souvent comme un auteur de musique au kilomètre, uniquement versé dans le divertissement risque de réviser ce jugement expéditif. La cantate funèbre Du aber, Daniel gehe hin atteint en effet une gravité et une profondeur que l’on ne prête pas spontanément à Telemann. Peut-être composée entre 1706 et 1708, soit à Sorau ou Eisenach, elle commence par une sonate, introduction instrumentale, où les tendres appels de la flûte à bec et des violes, traditionnellement associées à la mort, évoquent la cantate Actus Tragicus de Bach. Une succession de récitatifs et d’airs chérissent ce repos éternel qui soustrait le mortel aux souffrances terrestres. « Monde haï, je te dis adieu » chante ainsi la basse tandis que la soprano attend la venue des anges qui la guideront vers la cité céleste (merveilleux air ponctué de pizzicatos).

C’est également pour des funérailles que Bach écrivit sa Trauerode. Le 5 septembre 1727 mourait la princesse Christiane Eberhardine, épouse du prince électeur de Saxe Frédéric Auguste Ier et roi de Pologne sous le nom d’Auguste II. Contrairement à ce dernier qui avait renié sa foi pour accéder au trône d’un pays catholique, elle était resté luthérienne convaincue ce qui la rendit populaire. Aussi pour saluer la mémoire de la défunte, un jeune aristocrate de Leipzig commanda une musique à Bach, en poste depuis quatre ans. La cérémonie se tint le 17 octobre non pas dans une des deux principales églises de la ville, Saint-Thomas et Saint-Nicolas, mais en l’église Saint-Paul Découpée en deux parties qui encadrent l’oraison funèbre, cette cantate, de la plume de Johann Christoph Gottsched, ne contient aucune référence aux textes sacrés et n’a donc aucune vocation liturgique. Elle s’organise en dix numéros où alternent récitatifs et airs et fait appel à une instrumentation originale, mêlant flûtes traversières, hautbois et hautbois d’amour (plus graves), violes de gambes et luth.

Le chœur introductif, en si mineur, secoué de rythmes pointés comme par un douloureux hoquet, baigne dans des « flots de larmes » et évolue dans un climat pesant d’affliction. L’air de soprano rappelle combien la princesse était aimée avant que le récitatif de l’alto, saisissant par ses pizzicatos et les flûtes à bec qui sonnent comme le glas mortuaire, veuille porter à l’Europe entière la triste nouvelle. Bach utilise ensuite la sonorité voilée des violes pour accompagner l’alto dans le seul air en mode majeur de cette cantate : sa mesure à 12/8 et son doux balancement associe, comme souvent, la mort à une sereine berceuse. La première partie s’achève alors, après un récitatif du ténor avec hautbois d’amour, par un chœur où la défunte est érigée en modèle. La seconde, ouverte par un air de ténor avec flûte et hautbois, s’éclaire de la lumière éternelle qui auréole désormais la princesse. Un ultime récitatif, confié à la basse, visite sa géographie personnelle (les rivières et fleuves, la ville de Pretzsch, dans l’actuel Saxe-Anhalt, où elle mourut) précède le chœur conclusif qui confirme ses vertus et l’amour de ses sujets. C’est par ce chant délicatement rythmé (12/8) et apaisé que Bach termine ce Tombeau de Sa Majesté la Reine de Pologne comme il l’écrit sur la partition autographe.

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À (RÉ)ÉCOUTER

Johann Sebastian Bach (1685 - 1750), Cantate « Lass, Fürstin, Lass noch einen Strahl », BWV 198

18e Festival de Pâques de Deauville, jeudi 01 mai 2014
L' Atelier de musique ensemble , Maîtrise de Caen ensemble , Victoire Bunel soprano , Rodrigo Ferreira contre-ténor , Manuel Nunez Camelino ténor , Virgile Ancely basse , Julien Chauvin violon
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1. Choeur. Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl
2. Récitatif. Dein Sachsen, dein bestürztes Meissen
3. Aria. Verstummt, verstummt, ihr holden Saiten!
4. Récitatif. Der Glocken bebendes Getön
5. Aria. Wie starb die Heldin so vergnügt!
6. Récitatif. Ihr Leben ließ die Kunst zu sterben
7. Choeur. An dir, du Fürbild großer Frauen
9. Récitatif. Was Wunder ists? Du bist es wert
10. Choeur. Doch, Königin! du stirbest nicht
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