Paul Bowles
Écrivain ou compositeur ? C’est la question qu’on a souvent posé à Paul Bowles, injustement négligé dans le paysage musical contemporain du fait de cet entre-deux qui complique son identification en tant qu’artiste. Jeune homme, il étudie avec Aaron Copland à New York, Berlin et Paris, puis continue ses études de composition avec Nadia Boulanger et Virgil Thomson, sous la direction duquel il commence en 1942 à écrire des critiques musicales pour le New York Herald Tribune. Ses voyages au Guatemala, au Mexique, en Inde et dans le Sahara lui ouvrent des horizons musicaux qui stimuleront son inspiration tout au long de son activité créatrice. Le compositeur mexicain Silvestre Revueltas, qu’il rencontre en 1937, a une influence notoire sur les œuvres de Bowles, souvent inspirées de thèmes latino-américains. Son style aphoristique mélange, surtout dans les pièces pour piano, des éléments venus du jazz et des danses d’Amérique du Sud, ainsi que des harmonies hispanisantes. A son retour à New York, il intègre la League of Composers où il rejoint Henry Brant et David Diamond. Il collabore par ailleurs avec différents dramaturges (Orson Welles, Tennessee Williams, notamment) et chorégraphes – Merce Cunningham a ainsi dansé pour la première de la zarzuela The Wind Remains, dirigée par Leonard Bernstein en 1943. En 1947, il part s’établir définitivement à Tanger, où il forme avec sa femme Jane Auer un salon littéraire fréquenté par Truman Capote, Gore Vidal, puis par certains des représentants de la beat generation. Il délaisse quelque peu la composition pour l’écriture et publie son premier roman en 1949, The Sheltering Sky (« Un thé au Sahara » dans la traduction française). Bowles poursuit néanmoins ses recherches ethnomusicologiques en enregistrant les musiques traditionnelles à travers le Maroc, et compose un dernier opéra, Yerma (1948-1955), construit sur une série de chansons dont le style varie entre Orient et Occident, à l’image de la vie cosmopolite de cet artiste aux multiples facettes.