Peter Cornelius
Violoniste, compositeur, poète et critique, Peter Cornelius est avant tout connu pour son opéra-comique inspiré d’un conte des Mille et Une Nuits, Le Barbier de Bagdad, que Franz Liszt, qui fut son professeur, dirigea au moment de sa création en 1858. La première fut un fiasco notoire qui poussa le maître hongrois, empêtré dans une cabale esthétique, à renoncer à ses fonctions de chef d’orchestre ! Pourtant, cette seule anecdote ne suffit pas à résumer la carrière foisonnante de l’artiste allemand : après une formation à la composition à Berlin où il gravite dans les cercles de personnalités telles que les frères Grimm, Felix Mendelssohn ou encore Friedrich Rückert, Cornelius rencontre Richard Wagner à Bâle puis s’installe à Weimar où il se lie d’amitié avec Liszt, dont il traduit des conférences données en français en plus de quelques articles d’Hector Berlioz pour la Neue Zeitschrift für Musik ; il rejoint ainsi officiellement les rangs de la « nouvelle musique » allemande. En 1859, Cornelius suit Wagner à Vienne puis à Munich, où il est engagé auprès du roi Louis II de Bavière, parallèlement à ses activités de professeur d’harmonie et de rhétorique à l’École Royale de Musique. L’influence du maître de Bayreuth se ressent tout particulièrement dans ses derniers opéras, notamment Le Cid (1865) et Gunlöd, œuvre qu’il laisse inachevée. Il écrit lui aussi ses livrets, ainsi que de nombreux textes de ses quelque quatre-vingt lieder, se désignant lui-même comme un « Dichter-Musiker » (« poète-musicien »). C’est sans doute ce dernier genre qui lui doit le plus, la production pour voix et piano de Cornelius étant l’une des plus importantes de son temps : il y déploie chromatismes et audaces harmoniques qui ouvrent la voie aux expérimentations d’Hugo Wolf, notamment dans les trois cycles qu’il compose au cours de l’année 1856 (Weihnachtslieder, Brautlieder, rheinische Lieder).