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28 avril 2012

16e Festival de Pâques de Deauville - samedi 28 avril 2012
Salle Elie de Brignac-Arqana -

Les interprètes : Mi-Sa Yang, Adrien La Marca, Victor Julien-Laferrière, Adam Laloum

Deux œuvres que tout oppose au programme de ce concert du samedi 28 avril 2012. Mozart d’abord, et son Deuxième Quatuor avec piano, une œuvre pétulante écrite dans la foulée des Noces de Figaro, et où il nous semble voir encore s’agiter les personnages de la comédie de Beaumarchais dans un opéra imaginaire qui tient tout autant du concerto pour piano miniature que d’un vrai quatuor chambriste, mettant à contribution et en valeur tous les musiciens. Mi-Sa Yang, Victor Julien-Laferrière et Adam Laloum n’avaient pas encore décidé de former ensemble le Trio Les Esprits, mais l’habitude de se retrouver en musique de chambre était prise depuis longtemps, avec en prime ici, un partenaire de choix en la personne d’Adrien La Marca à l’alto.
Avec les Métamorphoses, c’est à un requiem pour le monde d’avant auquel on assiste. Composée par Strauss sur les ruines fumantes de la Seconde Guerre Mondiale, l’œuvre se présente comme une longue plage d’une vingtaine de minutes dont les thèmes ne sont pas développés et variés à la manière classique, mais métamorphosés dans un flux musical continu. En fin de parcours, une des clés de lecture se présente enfin avec une citation de la Marche funèbre de la Symphonie Héroïque de Beethoven, une page que Strauss désirait faire entendre lors de ses obsèques. Toujours pour cordes seules, l’ouvrage a cependant connu plusieurs versions, celle pour sept musiciens que nous entendons ici étant la plus réduite. Dans l’esprit du festival, Renaud Capuçon y retrouve son vieux complice Jérôme Pernoo pour encadrer une jeune troupe où l’on retrouve notamment Adrien La Marca et Bruno Philippe.

Quatuor concertant ou concerto miniature ? Le quatuor avec piano pose un problème d’équilibre entre le clavier et les cordes ce qui explique sans doute sa rareté. Après Mozart, seuls Mendelssohn, Schumann, Brahms et Fauré y ont laissé des œuvres marquantes. Des deux genres, le concerto et le quatuor, Mozart a réussi une miraculeuse synthèse. Du premier il conserve une brillante écriture soliste pour le piano, une forme en trois mouvements avec un rondo final (refrain et couplets). Du second il retient une écriture très polyphonique qui ne réduit pas les cordes à de simples accompagnatrices et un premier mouvement suivant la forme sonate avec barres de reprise. Mozart a laissé deux quatuors, contemporains des Noces de Figaro. Il termine le premier, K 478, le 16 octobre 1785 et le second, K 493, le 3 juin 1786, soit un mois après la création triomphale de son opéra.

L’Allegro du quatuor en mi bémol majeur n’a certes pas l’inquiète gravité du précédent. Il commence par un large unisson des cordes sur des octaves du piano que suivent une montée pugnace en notes pointées puis une descente douce en valeurs plus longues. Mais cette première idée doit céder la place à la seconde, présentée après un silence par le piano et le violon, marquée par un gruppetto (un ornement enroulé autour d’une note) et une chute de sixte mineure. C’est elle qui domine le développement, le cœur du mouvement, et passe par de nombreuses couleurs. On retrouve cette même figure ornementale du gruppetto dès le début du Larghetto, ouvert par le piano seul sur quatre mesures. Ce mouvement central évoque celui des concertos par les solos du piano auxquels répondent des cordes réunies dans un même trait. Il ne faut pas s’en étonner, à cette même époque Mozart multiplie les concertos (n°22, 23 et 24). Aussi ce Larghetto nous mène-t-il par ses nombreux changements harmoniques vers les mêmes profondeurs. Le finale fait alterner un refrain tout simple présenté d’emblée par le piano et des couplets sur un tempo Allegretto. Malgré la richesse de l’écriture des cordes, il est difficile de ne pas penser à nouveau à un concerto par ces oppositions entre solos et tutti et par les modulations.

A la fin de sa vie, après avoir secoué le monde musical par des poèmes symphoniques et des opéras conséquents, Richard Strauss se tourne, comme apaisé, vers un étrange classicisme (d’apparence). On peut en effet sourciller en apprenant que la composition de ses célèbres Quatre derniers Lieder et de ses Métamorphoses pour cordes date des années 1945-1947 à une époque où Messiaen, Schönberg, Boulez ou Cage écrivent des pages autrement plus avant-gardistes. La genèse des Métamorphoses reste broussailleuse. On parle d’une commande de Paul Sacher pour son Collegium Musicum de Zurich, d’une déploration sur l’effondrement de l’opéra de Munich ou de Vienne à la suite des bombardements alliés, mais aussi d’une réflexion sur le sort de l’Allemagne et de son art, après le nazisme. Le compositeur consigne en effet dans son journal la fin de « douze années placées sous la férule de la bestialité, de l’ignorance et de l’analphabétisme exercée par les plus grands criminels, les responsables de la destruction de deux mille ans de civilisation allemande ». Sans doute tous ces éléments ont-ils infiltrés l’écriture de cette pièce singulière pour vingt-trois cordes (dix violons, cinq altos, cinq violoncelles et trois contrebasses). Des travaux récents d’un musicologue américain orienteraient plutôt cette œuvre vers une recherche philosophique sur la conduite de l’expérience humaine, guidée par des lectures de Goethe. C’est pourquoi il ne faut s’attendre à suivre des métamorphoses, c’est-à-dire des transformations ou des variations d’un thème mais plutôt un long cheminement intérieur. Toujours est-il que ce vaste mouvement lent (vingt-cinq minutes environ) pour cordes seules ne peut dissimuler un caractère sinon funèbre au moins grave. Les dernières mesures font en effet entendre à la partie de contrebasse le thème principal de la marche funèbre de la symphonie Héroïque de Beethoven avec cette indication « In Memoriam ». Karl Böhm raconte d’ailleurs dans son autobiographie que Strauss souhaitait « entendre » cette marche funèbre à son enterrement. Un motif descendant et très chromatique rappelle le dessin du lamento baroque. Entre le souvenir de Beethoven et une tension harmonique proche du Tristan de Wagner, Strauss rend hommage à la musique allemande. L’effectif de ces Métamorphoses a connu plusieurs étapes, passant de onze à sept (ce que nous entendons ce soir) puis à vingt-trois. La création eut lieu le 25 janvier 1946 a la Tonhalle de Zurich par le Collegium Musicum de la ville sous la direction de Paul Sacher.

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