2 août 2012
Les interprètes : Amaury Coeytaux, Adrien Boisseau, Bruno Philippe, Adam Laloum
Adam Laloum dans Schumann, c’est l’évidence ! Une de ces sympathies secrètes qui unit deux êtres à travers les époques, mais que l’auditeur reconnaît immédiatement. C’est donc avec la Grande Humoresque du compositeur, une œuvre que Laloum inscrira notamment au programme de son disque Schumann paru chez Mirare en 2013, que débutait ce concert du 2 août 2012. Lecture d’une grande intensité pour une œuvre pas comme les autres, un labyrinthe de plus de vingt minutes où s’enchevêtrent de multiples épisodes aux humeurs plus contrastées les unes que les autres, un terrain de jeux où Schumann s’adresse directement au pianiste en notant une voix intérieure (ou intime c’est selon) destinée au seul interprète. Typisch deutsch cette Humoresque dont Schumann pensait que les Français ne pouvaient la comprendre ? Adam Laloum nous prouve qu’il en a saisi tous les rouages, et bien plus encore.
Retour au calme après l’entracte avec deux œuvres de Schubert et Dohnányi, en commençant d’abord par la fameuse Sonate Arpeggione, ainsi dénommée car destinée à un instrument alors en vogue à Vienne, à mi-chemin entre le violoncelle et la guitare, et dont se sont emparés violonistes, altistes et violoncellistes de tout poil. Accompagné du précieux Ismaël Margain, Adrien Boisseau y fait preuve de tout son talent quand il s’agit de donner corps et âme aux inspirations délicates de Schubert. Quant à la Sérénade pour trio à cordes de Dohnányi, elle est sans aucun doute la page chambriste la plus réussie de son auteur et l’une des meilleures œuvres destinée à cette formation avec le Trio à Puchberg de Mozart. D’une grande fraîcheur d’inspiration tout au long de ses cinq mouvements, l’œuvre alterne passages rapides et moments plus élégiaques. Le trio formé par Amaury Coeytaux, Adrien Boisseau et Bruno Philippe font ressortir tout l’humour de cette pièce, notamment dans son finale citant le Rondo all’ungarese du fameux trio de Haydn ou dans son scherzo central, morceau de bravoure où Dohnányi mélange joyeusement tous ses thèmes dans une double-fugue virtuose.