5 août 2015

Variété des styles, variété des effectifs instrumentaux : ce concert du mercredi 5 août 2015 est un parfait résumé de l’esprit des concerts de Deauville. Contemporaine au sens le plus noble du mot, à savoir proche de nous, la musique de Philippe Hersant ouvre cette soirée musicale avec les récentes Six Bagatelles pour clarinette, alto et piano. Composées pour compléter un disque réunissant Arnaud Thorette, Jean-Marc Fessard et Johan Farjot, ces petites pièces passent d’une humeur à l’autre avec légèreté en piochant dans le catalogue de leur auteur pour se conclure sur la douceur et la sérénité de la dernière page, superbe méditation. Le clarinettiste Amaury Viduvier, très présent tout au long de ce 14e Août musical est ici accompagné par le piano toujours attentif de Guillaume Bellom et l’alto d’Adrien Boisseau, deux habitués de longue date du festival malgré leur jeunesse. Changement complet avec la deuxième pièce au programme : c’est tout le soleil et le sourire de la musique de Rossini que l’on retrouve dans ses Sonates à quatre. Le jeune musicien avait à peine douze ans quand il écrivit cette musique à destination d’Agostino Triossi, un riche propriétaire de la région de Ravenne chez qui la famille Rossini passait ses vacances et contrebassiste amateur. Grâce à l’engagement d’Alexandra Soumm, Mi-Sa Yang, Bruno Philippe et Yann Dubost, le sens du rythme et le charme mélodique que l’on retrouvera plus tard dans les opéras de Rossini transparaissent ici à chaque instant. Une découverte encore plus importante viendra après l’entracte, avec le sublime Septuor opus 74 de Hummel. Ce brillant élève de Mozart a en effet quasiment disparu des programmes de concert, et l’on ne retient le plus souvent son nom que pour l’accoler aux autres grands pianistes virtuoses de son temps. Sa musique de chambre est pourtant à redécouvrir, à commencer par l’intéressante série des sept trios avec piano, le Quintette avec piano opus 87, et aussi ce grand Septuor opus 74 dont l’instrumentation originale mélange piano, cordes (sans violon) et vents (flûte, hautbois et cor). Les souffleurs de l’Ensemble Ouranos sont ici de la partie, solidement accompagnés par Guillaume Vincent au piano, et une équipe composée d’Adrien Boisseau, Yan Levionnois et Yann Dubost côté cordes. Nul doute qu’à l’issue de l’audition de cette œuvre originale et inspirée, et défendue avec autant de flamme, vous réviserez votre jugement sur Hummel et visiterez plus volontiers son catalogue.