11 août 2020
Les interprètes : Alexandra Soumm, Shuichi Okada, Manuel Vioque-Judde, Jérémy Garbarg, Adam Laloum
ROBERT SCHUMANN
Fantasiestücke pour violoncelle et piano opus 73
Aux côtés des deux grandes sonates pour clarinette et piano de Johannes Brahms, les Fantasiestücke schumaniennes font partie des chefs-d’œuvre romantiques où rayonne l’instrument à anche double. Tout en mettant à l’honneur la riche palette de la clarinette (depuis le velours des nuances piano à la brillance du registre aigu), ces « pièces de fantaisie » épousent une forme nettement plus libre que les sonates brahmsiennes. Les trois parties s’enchaînent ici sans rupture, tant sur le plan des tonalités que dans la construction mélodique et rythmique – Schumann ne cesse d’entretenir un double flux mêlant rythmes binaires et ternaires. L’ensemble de l’ouvrage gagne en intensité et en rapidité au fil du triptyque, passant insensiblement de la délicatesse initiale aux envolées impulsives de la dernière pièce. Quintette pour piano et cordes opus 44 Robert Schumann a élaboré son Quintette pour piano et cordes opus 44 en six jours, du 23 au 28 septembre 1842. Ce tour de force est d’autant plus admirable qu’il existe alors peu d’œuvres pour cette formation. Le compositeur pose les fondations d’un genre auquel bien des romantiques prêteront leur plume (Brahms, Dvořák, Franck, Fauré, etc.). Véritable concerto de chambre pour piano, l’œuvre est conçue pour Clara, femme de l’auteur et pianiste virtuose. Dans chacun des quatre mouvements de l’ouvrage, le clavier est donc particulièrement sollicité : au cœur de l’Allegro brillante initial, on trouve par exemple un passage orageux où il pleut des croches à verse ! Le reste du mouvement repose sur l’opposition habituelle entre deux thèmes contrastants : un dialogue violoncelle-alto d’une tendresse infinie répond à la déclaration autoritaire et éclatante qui a ouvert l’œuvre. Le deuxième mouvement, In Modo d’una Marcia, n’est pas sans rappeler la marche funèbre de la Symphonie n° 3 « Eroica » de Beethoven. Un refrain accablé se fait entendre dans la tonalité sombre d’ut mineur. Chanté par le violon et le violoncelle, un couplet doux et nostalgique vient éclairer l’atmosphère. Au cœur du mouvement, le piano sonne une révolte dans laquelle réapparaît le refrain au comble de l’exaspération. Le retour du premier couplet apaise les esprits et la marche s’éteint progressivement. S’ensuit un scherzo vif et énergique, aux gammes ascendantes jubilatoires. Un premier trio mélodieux vient tempérer l’enthousiasme collectif ; le second trio, en revanche, est d’une virtuosité toute tzigane. L’inclassable dernier mouvement est d’une audacieuse originalité formelle. Le thème principal, solidement scandé, a une belle allure de refrain mais le ton de mi bémol majeur est sans cesse évité ou mis à mal par des développements inattendus. Tout s’éclaire au moment de l’apothéose finale : le thème se trouve alors superposé à celui du premier mouvement, dans une fugue pleine de panache.