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29 juillet 2016

15ème Août musical de Deauville - vendredi 29 juillet 2016
Salle Elie de Brignac-Arqana -

Les interprètes : Quatuor Hermès, Amaury Viduvier

« J’ai commencé à travailler à un quatuor ; je vais l’appeler Lettres d’amour » écrit Leoš Janáček à Kamila Stösslová le 29 janvier 1928. La destinataire de ce courrier et de ces ces Lettres d’amour  est de trente-sept ans la cadette du compositeur avec laquelle il entretient, depuis onze ans, une relation adultère. En trois semaines Janáček aura terminé son quatuor, le deuxième, et le baptisera finalement Lettres intimes. « Je crois que cela va sonner de manière ravissante. […] J’ai fait le premier mouvement […] C’est cette impression quand je t’ai vue pour la première fois ! ». L’œuvre se découpe en quatre mouvements selon le modèle traditionnel du quatuor mais Janáček la
conçoit davantage comme une succession de souvenirs et d’impressions que comme une architecture conventionnelle. On peut cependant en suivre l’évolution car le premier mouvement présente des idées qui réapparaîtront dans les épisodes suivants. Noté andante, il s’ouvre par un appel fortissimo des trois instruments opposés (les deux violons et le violoncelle) avant que l’alto ne fasse son entrée pianissimo avec une sonorité étrange sul ponticello (sur le chevalet) que reprendra aussitôt le violoncelle. Le mouvement, ponctué d’incessants changements de mesure, devient papillonnant avant une conclusion grave et fortissimo. L’adagio suivant s’organise sur deux thèmes, très intenses, confiés à l’alto. Le mouvement s’accélère et Janáček sollicite encore plusieurs fois la sonorité grinçante sul ponticello (second
violon, violoncelle) avant de faire le second sujet presto aux allures populaires et asymétriques (mesure à 5/8). Sa volonté de varier les couleurs se traduit également par l’indication flautato qui demande de balayer l’archet sur la touche de l’instrument (la pièce de bois noir sous les cordes) pour obtenir une sonorité flûtée. Au début du moderato les quatre instruments se balancent ensemble sur le même rythme (9/8). Deux passages tourmentés viennent perturber cette quiétude avant une conclusion interrogative : cris aigus du premier violon, trilles de l’alto, notes conjointes du violoncelle. Le finale semble balayer cette ambiguïté par une danse robuste et affirmée mais elle alterne avec des épisodes énigmatiques et quelques rappels embryonnaires des thèmes précédents. Ces Lettres intimes conservent leurs secrets.

Alors que Janáček conserve, à soixante-douze ans, une énergie solaire, Brahms, à cinquante-huit, semble déjà entrevoir les pâles lumières du soir de
sa vie. Ses dernières œuvres s’auréolent en effet d’une lumière automnale.
Pensons, par exemple, à ses vingt pièces brèves pour piano regroupées entre les numéros d’opus 116 à 119 des années 1892 et 1893. Écrit juste avant, en cette même station thermale des Alpes autrichiennes, Bad Ischl, le quintette
pour clarinette et cordes, comme le trio et les deux sonates avec piano, est né
de la rencontre entre Johannes Brahms et Richard Mühlfeld. Le clarinettiste de l’orchestre de la cour de Meiningen (Thuringe) convainc le compositeur du potentiel expressif de son instrument. Sa sonorité veloutée, délicatement voilée dans son registre médium et grave, exprimeront en effet la mélancolie d’une musique de l’adieu. Presque exactement un siècle plus tôt, Mozart avait exprimé le même enthousiasme et la même curiosité pour le même instrument : un concerto, un trio et un quintette avaient alors vu le jour.

L’allegretto initial du quintette de Brahms confronte trois idées principales successivement énoncées par les deux violons à l’unisson (ondulation en notes conjointes), le violoncelle (éminemment lyrique, porté par le balancement naturel du 6/8) et la clarinette. Malgré une durée quasiment identique d’une douzaine de minutes, résolument contemplatif, murmuré par la clarinette que les cordes accompagnent en sourdine, l’adagio figure parmi les pages les plus réussies d’un Brahms qui donne l’impression de se détacher du monde. La clarinette conserve son rôle directeur dans un andantino aérien, presque fugace, insaisissable. Le finale évite le triomphe et l’éclat, retournant au si mineur et aux teintes crépusculaires du premier mouvement à travers un thème présenté par les violons varié à cinq reprises et qui rappelle le tout premier sujet avant de disparaître dans un quasi silence.

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