Darker than black
Les interprètes : Ensemble Ictus, Theresa Dlouhy, Eva Reiter, Tom Pauwels
La soprano, la flûtiste et gambiste et le guitariste de l’ensemble Ictus partagent leur remède à la mélancolie : la musique de John Dowland et de ses descendants contemporains.
Imaginez tout ce que pourrait faire celui ou celle qui parviendrait à s’extraire du temps… Sa musique pourrait osciller éternellement ; elle n’aurait plus d’hier, d’aujourd’hui ou de demain. Les frontières entre la Renaissance et le monde actuel ou entre le baroque et l’ère romantique disparaîtraient. Le temps d’un concert, Eva Reiter accomplit ce prodige. Interprète prisée, professeure de musique ancienne mais aussi compositrice et créatrice de nombreuses œuvres d’artistes de son temps, la flûtiste et gambiste viennoise relie les mélodies douces-amères d’un grand contemporain de Shakespeare, John Dowland, aux créations récentes de compositeurs tels que le Franco-Italien Francesco Filidei, le Suisse Jürg Frey ou l’Autrichien Bernhard Gander. Elle crée même lors de ce concert une nouvelle pièce d’une jeune compositrice grecque, Sofia Avramidou. L’élixir qui lui permet de passer ainsi d’une période à l’autre est la « bile noire » qu’évoque le titre, cette liqueur saturnienne avec laquelle les Grecs de l’antiquité ont forgé le mot « mélancolie ». Seul remède à cette maladie : la musique, dans laquelle Dowland se réfugiait déjà pour échapper à ses pensées les plus sombres et que la voix claire et sans vibrato de la soprano Theresa Dlouhy, la guitare électrique de Tom Pauwels et l’art subtil d’Eva Reiter rendent intemporelles.