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15 avril 2012

16e Festival de Pâques de Deauville - dimanche 15 avril 2012
Salle Elie de Brignac-Arqana -

Les interprètes : Ensemble Initium, Alexandra Soumm, Amaury Coeytaux, Adrien Boisseau, Bruno Philippe, Victor Julien-Laferrière, Yann Dubost, Frédéric Guérouet, Guillaume Vincent

La 16e édition du festival de Pâques de Deauville se plaçait sous le signe de la musique tchèque, à l’image de ce concert du 15 avril 2012 qui réunissait des pages méconnues de Dvorak et Martinu. Ecartons d’abord un malentendu, la musique de ce dernier n’est pas moins « authentiquement » tchèque que celle de Dvorak, Smetana ou Janacek, mais les longs séjours du compositeur en France et aux Etats-Unis l’ont conduit à adopter un langage nourri d’influences diverses, où le folklore de son pays côtoie les subtilités debussystes ou rencontre le concerto grosso baroque. Un des sommets de sa période américaine, le 2e Quintette avec piano fut ainsi composé par Martinu en 1944, mais on n’y entend que de très loin les échos du conflit mondial. L’œuvre, très « tchèque » pour le coup, baigne tout entière dans un lyrisme serein et radieux et évoque souvent certaines pages chambristes de Brahms. Un vrai défi de la redécouverte auquel s’attèlent ici avec brio Amaury Coeytaux, Alexandra Soumm, Adrien Boisseau, Bruno Philippe et Guillaume Vincent.

Quant à Dvorak, on le retrouve ici dans deux œuvres. Tout d’abord, les rares Bagatelles opus 47, écrites – selon le choix du commanditaire – pour un quatuor à cordes sans alto accompagné d’un harmonium. Tout juste sorti de son premier cahier de Danses slaves, le compositeur y explorait plus loin encore la veine populaire dans ces cinq pièces où reviendra régulièrement une vieille mélodie traditionnelle tchèque. Les deux violonistes sont ceux du quintette de Martinu, rejoints pour l’occasion par Victor Julien-Laferrière et Frédéric Guérouet, l’accordéon remplaçant ici sans difficulté l’harmonium d’origine. Changement total d’atmosphère avec la belle Sérénade opus 44, non pas celle pour cordes et son inusable Valse, l’un des tubes de Dvorak, mais celle pour vents. Exactement contemporaine des Bagatelles précédentes, elle évoque dans son esprit et son instrumentation les divertissements en plein air de l’époque mozartienne. Du sur mesure pour les souffleurs de l’Ensemble Initium, héros de cette deuxième partie de concert.

En mai 1878, en même temps que sa première série de Danses slaves opus 44 qui lui vaudra une renommée internationale et juste avant de commencer la composition du sextuor à cordes opus 48, Antonín Dvořák entreprend les Bagatelles pour répondre à la demande d’un violoniste amateur. Les Bagatelles se distinguent par leur instrumentation originale : deux violons, violoncelle et harmonium. La raison du choix de ce dernier instrument n’est que pragmatique : le commanditaire disposait d’un harmonium. Il arrive d’ailleurs de remplacer cet instrument par un autre clavier. La bagatelle désigne une pièce instrumentale de brève durée, sans forme particulière. Si le piano en collectionne de prestigieuses séries, nées de compositeurs illustres (dont, bien sûr, Beethoven), la musique de chambre (Webern, Ligeti) y a aussi trouvé son compte. L’opus 47 de Dvořák réunit cinq pièces et totalise une petite vingtaine de minutes de délicieuse musique. Les numéros impairs (les deux Allegro scherzando, le Poco allegro) reposent sur une même mélodie populaire tchèque énoncée par le premier violon. Le Tempo di minuetto, grazioso partage le charme mélancolique des Danses slaves tandis que l’Andante con moto évolue en canon sur un rythme lent. Aux parfums piquants du plein air se greffent des rythmes de danse folklorique qui assurent à cette suite un charme tenace.

Si ces pages ne sont pas les plus connues de Dvořák, que dire du quintette pour piano et cordes n° 2 de Bohuslav Martinů ? Le compositeur restant encore largement ignoré en France, il y a fort à parier que cette interprétation deauvillaise soit une première pour la plupart des auditeurs. Le compositeur tchèque entreprit son quintette en hiver 1943-1944 alors qu’il était en exil aux Etats-Unis. A la différence de la symphonie n° 3 qui lui est contemporaine et qui résonne des échos du conflit mondial, le quintette évolue dans un climat pacifié. Il s’ouvre par un Poco allegro qui prend des allures de mouvement perpétuel et de toccata par la répétition obstinée de cellules mélodiques dans une polyphonie touffue. L’Adagio semble aérer la texture et élargir les contours pour laisser s’épanouir un lyrisme généreux que ne pouvaient pas laisser deviner les premières mesures un peu lourdes. L’animation se fait progressive et fait évoluer le mouvement vers d’étonnants paysages pointillistes. Le Scherzo avance d’un pas sûr mais irrégulier (superposition de mesures), guidé par le piano. Après une fausse conclusion, le trio central diffuse une lumière plus rase. L’introduction lente du finale, uniquement portée par les cordes, contraste avec la fin brillante du Scherzo. Quand le piano fait enfin son apparition, il semble retrouver l’énergie farouche du premier mouvement. Le quintette s’achève dans un puissant élan, quasi orchestral.

La Sérénade opus 44 de Dvořák prolonge l’atmosphère détendue. Il s’agit à nouveau d’une œuvre peu jouée à la différence de la Sérénade pour cordes. Composée la même année que les Bagatelles, elle en partage l’inspiration populaire et la bonne humeur un peu naïve. Son effectif (deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons, un contrebasson ad libitum, trois cors, un violoncelle et une contrebasse) la destine à un plein air raffiné, celui des sérénades du XVIIIe siècle, notamment celles de Mozart. Le premier mouvement, Moderato quasi marcia, s’ouvre sur une rythmique quasi unique de tous les instruments, mais ce sont les hautbois qui font ressortir la mélodie en notes pointées. Les clarinettes en présentent une seconde idée plus coulante, plus affable. Elles dominent également les deux sections du menuet. La seconde, le trio, avance presto au rythme de furiant (une danse populaire tchèque) et marque une répétition d’une descente d’un demi-ton. L’Andante con moto rappelle immanquablement Mozart et sa merveilleuse Gran Partita par sa ligne de contrebasse quasi identique et le lyrisme de la clarinette. Une levée d’une quarte (dominante-tonique) donne l’impulsion du finale. Celui-ci semble quasiment ne pas pouvoir s’arrêter malgré un léger ralentissement en son centre. Le thème d’ouverture du premier mouvement se fait réentendre avant une conclusion éclatante annoncée par des appels des cors.

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À (RÉ)ÉCOUTER

Antonín Dvořák (1841 - 1904), Cinq bagatelles pour deux violons, violoncelle et accordéon, op. 47, B. 79

Antonín Dvořák (1841 - 1904), Sérénade pour instruments à vents, violoncelle et contrebasse en ré mineur, op. 44, B. 77

REPLAY
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