Bohuslav Martinů
Dans l’histoire de la musique tchèque, Bohuslav Martinu apparait en retrait face à la trilogie composée de Smetana, Dvorak et Janacek. La faute certainement à la vie itinérante menée par celui-ci, qui l’a rendu plus ouvert aux différents styles de son temps, mais a produit en conséquence une œuvre moins « typiquement tchèque » que ses aînés. Renvoyé deux fois du conservatoire du Prague, il poursuit sa formation en autodidacte, et notamment dans l’orchestre philharmonique de la ville où il est second violon. Il découvre alors quantité de partitions modernes. Admirateur de Debussy et Ravel, il rêve de venir étudier en France. Ce sera chose faite en 1923 : il s’établit dans le Paris joyeux des Années Folles et devient l’élève de Roussel. De cette époque date notamment la truculente Revue de cuisine et de nombreuses pages de musique de chambre, comme les Quatuor à cordes n°2, 3 et 4, les Cinq pièces brèves pour trio avec piano, ou le Quintette à cordes H164. En 1938 son opéra Juliette ou la clé des songes est créé à Prague, alors que le ciel s’obscurcit sur l’Europe. Son poignant Quatuor à cordes n°5 ou le Double concerto H271 sont les témoins de cette époque troublée. Martinu s’installe alors aux Etats-Unis pour une dizaine d’années, période féconde qui verra naître le cycle des six symphonies. De retour sur le vieux continent, Martinu ajoute encore quelques perles à un catalogue qui compte près de 400 numéros d’opus, telles les superbes Fresques de Piero della Francesca ou les Paraboles pour orchestre, l’opéra Passion grecque, et côté musique de chambre le testamentaire Nonette n°2 H 374.