4 août 2012
Les interprètes : Amaury Coeytaux, Adrien La Marca, Ismaël Margain, Guillaume Bellom
Un programme sous le signe du romantisme allemand pour ce concert du 4 août 2012 qui réunissait des œuvres de Schumann et Brahms. N’oublions pas d’ailleurs que des liens presque filiaux unissaient les deux hommes, l’aîné Schumann ayant repéré et pris sous son aile son cadet Brahms quand celui-ci était âgé de vingt ans à peine. En retour, Brahms offrit à Schumann ses dernières heures de joie avant que la folie ne le fasse définitivement basculer de l’autre côté.Datée de 1853, la Sonate dite FAE porte ainsi le souvenir de cette rencontre récente entre les deux hommes, Schumann ayant imaginé cette œuvre à trois (lui-même, Brahms, et son élève Albert Hermann Dietrich) pour un cadeau au violoniste Joseph Joachim, lequel avait notamment encouragé et favorisé la fameuse rencontre. A Brahms revenait donc le scherzo, tâche dont il s’acquitta avec brio en s’appuyant sur un motif formé des notes fa, la et mi (F-A-E en allemand), hommage à la devise de Joachim : Frei aber einsam, libre mais solitaire. Amaury Coeytaux et Guillaume Bellom en donnent une lecture vibrante et passionnée, une fougue que l’on retrouve dans la 1ère Sonate pour violon et piano de Brahms, une œuvre écrite vingt-cinq ans plus tard et contemporaine du grand concerto pour violon de l’auteur, et où plane l’ombre du même Joachim.
Pour la partie Schumann, on retrouvait lors de concert une poignée de lieder dont s’empare l’alto conteur d’Adrien la Marca, et surtout son 3e trio opus 110, une de ses dernières pages chambristes composée en 1851 à Düsseldorf, ville dont il avait été nommé directeur musical l’année précédente et qui devint rapidement le théâtre d’une sombre tragédie opposant Schumann aux édiles locaux et à sa propre folie. Le Trio Les Esprits, formé d’Adam Laloum, Mi-Sa Yang et Victor Julien-Laferrière, nous montre ici qu’ils savent comme personne pénétrer au cœur des méandres de l’inspiration schumanienne dans cette œuvre parfois revêche qui place pourtant les trois instruments sur un pied d’égalité, une œuvre qu’ils inscriront d’ailleurs au programme de leur premier disque pour Mirare paru deux ans plus tard.