5 août 2013
Les interprètes : Quatuor Hermès, Amaury Coeytaux, Adrien La Marca, Yan Levionnois, Guillaume Vincent
Brahms était particulièrement fier de son 2e Quintette à cordes, au point de songer à prendre sa retraite de compositeur après ce brillant opus. Et pourtant, son 1er Quintette à cordes n’a pas grand-chose à lui envier et soutient parfaitement la comparaison. C’est dire si, dans ce format hérité de Mozart, Brahms a trouvé dans la deuxième voix d’alto (ici joué par Adrien La Marca) un moyen d’enrichir le quatuor à cordes traditionnel (le quatuor Hermès en l’occurrence).
Avant l’entracte de ce concert du 5 août 2013, le festival nous donnait l’occasion de mieux nous familiariser avec la personne de Zoltan Kodály, l’autre nom grand nom de la musique hongroise du début du XXe siècle, et sans doute écrasé par l’ombre de son confrère Béla Bartók. Ayant passé lui aussi son temps à recueillir des chansons issues du folklore hongrois, Kodaly sut s’en inspirer, mais d’une façon totalement différente de son aîné, notamment dans ses œuvres de musique de chambre, l’étonnante Sonate pour violoncelle seul de 1915, la seule capable de rivaliser avec les Suites de Bach, et cette Sonate pour violon et violoncelle d’une année antérieure, d’une grande fraîcheur d’inspiration et d’un lyrisme généreux, comme improvisée sur le sol folklorique hongrois. Amaury Coeytaux et Yan Levionnois en donnent ici les deux premiers mouvements. En guise de mise en bouche, l’ironie grinçante de Prokofiev trouve sous les doigts de Guillaume Vincent un interprète des plus inspirés, avec quelques-uns de ses Sarcasmes, des pièces de jeunesse parfaitement représentatives de l’atmosphère débridée qui régnait dans les milieux culturels russes au début des années 1920 dans le sillage de la Révolution d’octobre… avant une reprise en main beaucoup moins réjouissante.