8 août 2014
Les interprètes : Armelle Khourdoïan, Ensemble Ouranos, Quatuor Hermès, Guillaume Vincent
Il fut un temps où les œuvres d’André Messager ne quittaient que très rarement le haut de l’affiche. En attendant que ce temps béni ne revienne, consolons-nous en profitant de quelques-uns de ses airs les plus célèbres, coquins et cocasses, chantés par la jeune soprano Armelle Khourdoïan, assurément l’une des grandes voix de demain. L’espiègle Sonate pour clarinette et basson de Poulenc, une œuvre de jeunesse du compositeur mais contemporaine des opéras de Messager, prolonge cet état d’esprit en nous faisant imaginer ce que pouvait être l’ambiance du Paris des Années Folles. Les affinités du musicien pour les instruments à vent sont déjà évidentes, et nous vaudront par la suite quantité de chefs-d’œuvre où l’on oublie souvent de faire figurer la sombre Elégie pour cor et piano. Écrite en 1957 en mémoire du célèbre corniste Dennis Brain, disparu tragiquement dans un accident de la route, cette page tragique nous montre un autre visage de Poulenc, personnifié ici par le corniste Maxime Tomba. Changement complet après l’entracte, comme seul le festival de Deauville est capable d’en produire : les vents cèdent la place aux cordes, et Poulenc s’éclipse devant la musique de Schubert. Courageux, le jeune quatuor Hermès se lance à l’assaut du périlleux Quatuor à cordes n°15 du compositeur, ultime tentative dans le genre et d’ailleurs plus une symphonie déguisée qu’un quatuor traditionnel. Dans cette page dense oscillant sans cesse entre la joie et les larmes, les quatre musiciens de l’ensemble sont mis à rude épreuve mais prouvent avec toute la fougue de leur jeunesse que leurs victoires au concours de Genève ou aux Young Concert Artists de New York étaient amplement méritées.