25 juillet 2015
Les interprètes : Quatuor Hermès, Adam Laloum, Trio Les Esprits
En solo puis en trio, Adam Laloum inaugurait avec autant de sensibilité que de panache la 14e édition de l’Août musical de Deauville en ce samedi 25 juillet 2015. Quand Laloum est là, bien souvent, la musique de Robert Schumann n’est pas bien loin. C’est donc en toute logique que les Etudes symphoniques de ce dernier ouvraient le festival. Une ouverture sous le signe des changements d’humeur incessants de cette page tourmentée et vigoureuse, qui causa bien du souci au jeune Schumann et dont les changements de nom successifs (Variations pathétiques, Etudes de caractère orchestral, Etudes en forme de variations,…) montrent la nature hybride. Tout sauf un cahier de variations classiques donc, mais des mondes en soi à chaque page, allant de la poésie la plus pure (11e Variation) à l’exubérance, sans oublier quelques petits clins d’œil à Bach. Un indispensable chef-d’œuvre romantique, que le Trio avec piano n°3 de Dvorak complète parfaitement. Avec ses camarades Mi-Sa Yang et Victor Julien-Laferrière du Trio Les Esprits, Adam Laloum interprète cette autre page tourmentée, où la douleur d’un Dvorak venant en 1883 de perdre sa mère transparait à chaque instant (bouleversant Poco Adagio). Au cœur de ce concert, le quatuor Ainsi la Nuit d’Henri Dutilleux offre un étonnant contrepoint. Page contemporaine certes (créée en 1977), mais dont la forme particulière empreinte par l’idée de variation est un subtil prolongement des études-variations nocturnes de Schumann. Joyau chambriste trop isolé dans la production si parcimonieuse de Dutilleux, l’œuvre est interprétée ce soir par l’une des plus prometteuses formations françaises, en l’occurrence le quatuor Hermès, qui s’est notamment illustré en 2012 en remportant le premier prix des Young Concert Artists auditions à New York.