29 juillet 2015
Les interprètes : Quatuor Hermès, Guillaume Vincent, Guillaume Bellom
Comme une bonne habitude, ce troisième concert du 14e Août musical de Deauville s’ouvrait lui aussi par une œuvre pour piano seul. Après Adam Laloum ou Ismaël Margain, c’est donc Guillaume Vincent qui faisait la preuve de son sens des couleurs dans les crépusculaires Klavierstücke opus 118 de Brahms, avant de céder sa place au quatuor Hermès pour la suite de cette soirée musicale. A l’automne du vieux maître succède donc le printemps radieux de Mozart dans son 14e Quatuor à cordes, le premier de la fameuse série de six dédiée à Haydn. Si l’élan si caractéristique et la fraîcheur de son thème initial justifie pleinement le surnom de « Printemps » qui lui est accolé, l’œuvre n’en présente pas moins d’inquiétantes zones d’ombres, notamment dans ses mouvements centraux, avec un menuet étiré à l’extrême (et pourvu d’une drôle de gamme chromatique) et un Andante cantabile poignant. Après l’entracte, le pianiste Guillaume Bellom rejoint le quatuor Hermès pour une rareté dont le festival de Deauville a le secret, en l’occurrence le Quintette avec piano de Jean Sibelius. Page rarissime au concert, l’œuvre remonte à la période berlinoise du compositeur, celle où il poursuit à vingt-cinq ans sa formation dans une ville où il a notamment l’occasion d’entendre la première du Don Juan de Strauss dirigé par Hans von Bülow. Considérée comme une bêtise par son auteur, cette œuvre romantique en diable mérite cependant d’être redécouverte dans l’interprétation exaltée qu’en donnent Guillaume Bellom et les Hermès. Malgré quelques maladresses et longueurs, on y retrouve tout au long de ses cinq mouvements les nombreuses influences qui agitaient Sibelius à l’époque, notamment celle de Busoni, créateur d’une partie de l’œuvre au piano en mai 1890.