Skip to content

Créer un compte

Inscrivez-vous pour retrouver tous vos favoris et vos playlists

En créant un compte, vous acceptez les Conditions générales d'utilisation et la Politique de protection des données personnelles de B Concerts.

coeur-blanc-plein

Element ajouté à vos favoris

Voir mes favoris
coeur-blanc-plein
Retrouvez b•concerts sur : Deezer Spotify Podcast
Accueil

5 août 2016

15ème Août musical de Deauville - vendredi 05 août 2016
Salle Elie de Brignac-Arqana -

Les interprètes : Quatuor Girard, David Petrlik, Amaury Coeytaux, Bruno Philippe, Guillaume Vincent, Ismaël Margain, Guillaume Bellom

Le premier des deux quintettes avec piano de Fauré connût une longue élaboration. Esquissé au début des années 1890, il ne sera achevé qu’en 1906 et créé cette même année par le quatuor Ysaÿe et le compositeur. Bien moins connu que le second, ce quintette compte pourtant parmi les chefs-d’œuvre de son auteur. Mais il faut reconnaître qu’il ne se laisse pas facilement appréhender comme si le compositeur avait voulu en gommer les arêtes et les thèmes trop carrés, ceux que l’on retient à la première écoute. Mais l’auditeur attentif sera récompensé de ses efforts, découvrant une musique d’une singulière beauté.

Construit en trois parties, ce quintette laisse la part belle aux cordes, le clavier n’ayant pas, loin de là, la place qu’ont pu lui accorder Schumann, Brahms et Franck. Il commence par un molto moderato marqué par des allées et venues pianissimo en triples croches des mains gauche et droite du piano qui tissent un mystérieux voile. Tel un souffle, l’emporte une mélodie d’une infinie tendresse, dolce e cantando, du second violon : tout l’art elliptique de Fauré se résume en ces quelques notes. Au contraste attendu du second sujet, fortissimo e espressivo énoncé par les cordes, le compositeur préfère la continuité, la rêverie prolongée. Ysaÿe avait raison d’y entendre un quintette « complètement pur de toute recherche d’effet », ce que confirme l’adagio. Malgré un changement de mesure et de tonalité, le piano continue à distribuer ses rythmes réguliers aux deux mains tandis que le premier violon fait entendre le thème principal, piano e cantabile, à nouveau éthéré, presque infini.

S’il évite comme les deux mouvements précédents, les grands écarts, le finale dessine une mélodie plus facile à mémoriser, à l’allure presque badine, présentée dans un débit quasi régulier (des noires et quelques croches) qui fera office de refrain. Le ton reste cependant plus ambigu qu’affirmatif, marqué par la mélancolie malgré l’accélération progressive des dernières mesures.

La postérité a retenu le pianiste plutôt que le compositeur. Paderewski le considérait même comme celui qui comprenait le mieux le piano après Chopin. Né dans une riche famille juive de la Prusse orientale (Breslau, aujourd’hui Wroclaw en Pologne), Moritz Moszkowski étudie à Dresde puis Berlin et commence une carrière de pianiste virtuose. Acclamé à travers l’Europe, il s’installe à Paris en 1897 et y passera le reste de son existence. Il deviendra un professeur très recherché alors qu’une maladie nerveuse l’obligera à peu à peu s’éloigner du clavier. Également chef d’orchestre et violoniste, Moszkowski avait étudié la composition et laisse un catalogue d’une centaine de numéros, essentiellement des pièces solistes réservées à son instrument mais aussi des concertos, pour violon et pour piano, un opéra, un ballet et plusieurs pages orchestrales qui restent marqués par le style romantique.

Sa suite pour deux violons et piano date du début du XXe siècle et s’organise en quatre mouvements. L’allegro energico, tumultueux, en sol mineur, commence par un trait puissant et chromatique du premier violon en doubles cordes. Suit l’allegro moderato, en sol majeur, beaucoup plus serein, presque
charmeur, marqué par un saut d’octave du premier violon et un arpège
descendant. Le piano seul ouvre par une montée d’arpèges le lento assai aussitôt rejoint par les deux violons en mouvements souvent parallèles et décalés dans un climat intimiste et mélancolique. La suite se termine par un molto vivace à nouveau introduit par le piano qui joue de l’opposition entre
notes longues (noires) et brèves (croches) sur un 6/8. Il s’achève par une
suite d’accords fortissimo des trois instruments sollicitant les quatre cordes des violons.

Si le nom de Smetana est connu, sa musique l’est bien moins. Pire, on la réduirait facilement à la seule Moldau qui n’est qu’un des six poèmes symphoniques, issu d’un cycle admirable Ma Vlast (Ma Patrie), rarement entendu dans son intégralité. Auteur d’opéras et de musique pour piano, Smetana a écrit une musique de chambre d’une qualité exceptionnelle comme en témoignent ses deux quatuors à cordes et ce trio opus 15.

Composé en 1855, il reflète un drame personnel, la mort de sa fille aînée âgée de quatre ans, emportée par la scarlatine. La douleur se perçoit dès l’ouverture du trio, en sol mineur, moderato assai quand le violon, seul, déploie sur sept mesures et sa corde grave de sol, une mélodie tourmentée (elle descend et monte) et heurtée de rythmes pointés. Le piano la rejoue fortissimo puis le violoncelle présente le second thème qui prend un ton de lamentation. Le mouvement central, allegro, ma non agitato, entretient le climat tragique du premier mouvement mais connaît deux moments de répit marqués alternativo : le premier andante, plutôt lyrique, le second maestoso,
plus martial, en rythmes pointés. Le finale, Presto à 6/8, commence dans une humeur agitée et un rythme soutenu qui met le pianiste à l’épreuve, en opposant deux notes (croches) à la main droite à trois (un triolet) à la main gauche. Deux épisodes, mélancoliques, vont en interrompre la course comme dans le mouvement précédent, conduits par un violoncelle (con espressione). La musique reprend son galop furieux et se termine fortissimo et en sol majeur. Le chagrin semble avoir cédé la place à la colère.

Afficher la suite
2016-08-05_75
20160805_660x380.jpg

À (RÉ)ÉCOUTER

REPLAY
---
---
--:-- / --:--