Gabriel Fauré
Dès l’âge de neuf ans, le jeune Gabriel Fauré quitte son Ariège natal pour aller étudier à Paris à l’école Niedermeyer, institution nouvellement créée et dont le but était de donner un bagage théorique « sérieux » aux futurs musiciens employés au service des églises, et donc d’établir par-là une distinction plus nette entre la musique facile qui sévissait alors dans les salons aristocrates et bourgeois, et celle destinée à élever les âmes lors du culte. L’enseignement de Louis Niedermeyer, le fondateur de l’école, puis de Gustave Lefèvre et Camille Saint-Saëns, où se mêlent étude des modes grégoriens, celui des grands maîtres germaniques, et goût pour les subtilités harmoniques, marquera à jamais notre musicien et fut du reste rapidement mis en pratique dans ses services à l’église de la Madeleine (où il est nommé maître de chapelle en 1877 puis titulaire du grand orgue à partir de 1896). Ces dernières années du XIXe siècle sont d’ailleurs celles où Fauré parvient à une plus grande reconnaissance institutionnelle, d’abord professeur de composition au conservatoire de Paris, puis directeur dudit établissement en 1905, et cela alors qu’une surdité grandissante handicape de plus en plus notre musicien. Période difficile donc, mais période paradoxalement féconde dans le domaine de la musique de chambre puisque c’est au tournant du siècle nouveau que Fauré produit ses ouvrages les plus achevés : l’émouvant Trio pour piano, violon et violoncelle, deux sonates pour violoncelle, à la fois austères et souriantes, deux sublimes quintettes avec piano et un crépusculaire quatuor à cordes. A ce panorama tardif, il convient cependant l’ajouter la radieuse 1ère Sonate pour violon et piano de 1875 et les deux puissants quatuors avec piano, œuvres manifestes de la nouvelle musique de chambre à la française qui naît au sein de la Société nationale de musique en réaction à l’hégémonie germanique, sans oublier quantité d’œuvres brèves et charmantes (certaines mauvaises langues diront salonardes) et dont violonistes et violoncellistes ont immédiatement su faire leur miel (Papillon, Elégie, Sicilienne, Berceuse, Romance, Sérénade…).