30 avril 2018
Les interprètes : Mi-Sa Yang, Liya Petrova, Adrien La Marca, Edgar Moreau, Gabrielle Lafait, Adam Laloum
FRANZ SCHUBERT
Ouverture pour quintette à cordes en ut mineur, D. 8
Rarement entendue, l’Ouverture pour quintette à cordes passe pour être la première œuvre de musique de chambre de Schubert. Signée par un apprenti compositeur de quatorze ans, elle serait influencée par l’ouverture de Faniska, opéra de Cherubini créé à Vienne en 1806. Schubert se souviendrait également de Hagars Klage (la Plainte de Hagar), son premier lied dont on a conservé la partition. Ces huit minutes commencent par une introduction lente (Largo), dont la solennité est appuyée par des répétitions de notes, avant que s’élance l’Allegromarqué par un premier motif plutôt inquiet (quatre notes répétées avec obstination) et un second plus aimable. Autre page peu connue de Schubert, la Fantaisie en ut majeur pour violon et piano. Le violon n’est pas spontanément associé à Schubert. Il pratiquait pourtant cet instrument et lui consacra quelques sonates et un Rondo.
FRANZ SCHUBERT
Fantaisie en ut majeur pour violon et piano, opus 159, D. 934
La Fantaisie fut composée en décembre 1827, parallèlement aux Trios avec pianoet aux Impromptus, pour le violoniste tchèque Josef Slavik (1806-1833). A l’opposé du Rondo, brillant et extraverti, elle ouvre d’autres perspectives malgré une écriture très exigeante. Constituée de quatre épisodes enchaînés, elle s’ouvre par un mémorable Andante molto (domajeur) : de la houle des trémolos du piano semble émerger la longue phrase du violon. L’Allegretto(lamineur et majeur) vigoureusement rythmé mène vers l’Andantino construit, comme la Fantaisie « Wanderer », le Quatuor « La Jeune fille et la mort »et le Quintette « La Truite », sur un lied de Schubert (Sei mir gegrusst D. 741, 1822) et ses variations. La virtuosité de cet épisode se prolonge dans l’Allegro vivace vigoureux qui cite le thème des variations (Allegretto) avant de s’achever par un Presto conquérant.
ANTONIN DVORAK
Quintette pour piano et cordes en la majeur, opus 81
Associer le piano aux cordes n’est pas facile : l’instrument tend à prendre une posture de soliste. Aussi Mozart présenta quelques concertos pour piano en version réduite avec quatuor à cordes. Il faudra attendra le XIXe siècle pour voir le genre se développer grâce à Robert Schumann, Johannes Brahms, César Franck et Gabriel Fauré. Antonin Dvorák en a composé deux. Le premier (1872) ne le satisfit pas complètement et reste aujourd’hui encore peu joué. Si le deuxième (1887) partage la même tonalité de lamajeur et le rythme de furiant(danse tchèque rapide au rythme de 3/4), il figure en revanche parmi les pièces maîtresses de son auteur. Dvorák y combine le souvenir de tournures ou de rythmes populaires (la dumka, épisode méditatif, du mouvement lent) à la rigueur formelle de la sonate (premier mouvement), du rondo (refrain et couplet, deuxième mouvement) ou du fugato (finale). L’union contre nature entre le piano et les cordes parvient par ailleurs à un rare degré d’intimité, marqué par le lyrisme intense des thèmes. Comment, par exemple, ne pas se souvenir de la noblesse mélancolique du tout premier sujet énoncé par le violoncelle piano et espressivo sur des arpèges du piano dans le premier mouvement ? Après une transition quasi orchestrale et une reprise par le premier violon, l’alto présente la seconde idée, sinueuse et tout aussi nostalgique. L’Andante con moto réserve aussi quelques mélodies inoubliables comme celle du refrain de ce rondo, en fadièse mineur, égrenée dans l’aigu du piano. Lui répondront deux thèmes, l’un solaire au violon, l’autre, très rythmique, installé au centre du mouvement. Le scherzo virevolte sur l’archet du premier violon. Après une fausse conclusion, les instrumentistes se recueillent autour d’une idée plus indécise, poco tranquillo, en valeurs longues où réapparaît furtivement le thème principal. Après une introduction dynamique de douze mesures, le violon fait entendre un thème presque insolent en doubles croches que s’empressent d’imiter les autres instruments. Ce même premier violon présente un second thème plus mélodique dont les accents populaires rappellent les Bagatelles. Un mouvement fugué s’organise alors sur le premier thème qui prend une allure bien plus sérieuse (brahmsienne ?) avant de réaffirmer son brio.