Franz Liszt
Musicien romantique par excellence, Franz Liszt incarne la somme de tout ce que le dix-neuvième siècle pouvait produire de plus moderne, repoussant pour commencer les limites de la virtuosité pianistique. Refusé à l’entrée de l’École royale de musique parisienne du fait de son statut d’étranger, l’enfant prodige devient néanmoins une figure incontournable de la vie musicale européenne. C’est à lui qu’on doit la forme moderne du récital, grâce à laquelle il devient une véritable célébrité en créant l’hystérie collective lors de ses concerts itinérants dans les années 1840. C’est pour son instrument de prédilection qu’il compose la majeure partie de son œuvre : il en révolutionne la technique avec les Études d’exécution transcendante (1826-1852), les Six Études d’après Paganini (1838) ou encore la fameuse Sonate en si mineur (1852-1853). Défenseur infatigable de la musique de son temps, il dirige les œuvres de son ami Richard Wagner mais aussi d’Hector Berlioz ou encore de Camille Saint-Saëns, qu’il participe à diffuser au-delà des frontières françaises après avoir été nommé maître de chapelle à Weimar en 1842. Liszt publie par ailleurs de nombreux articles dans La Gazette musicale parisienne pour défendre la nouvelle école allemande, celle de la musique à programme et des poèmes symphoniques, genre dont il est l’un des principaux initiateurs et dans lequel il s’illustre (Mazeppa, 1851 ; Les Préludes, inspirés de poèmes de Lamartine, 1845-1853 ; Hungaria, 1854). Le compositeur fréquente les plus grands auteurs de son temps, notamment Victor Hugo, Honoré de Balzac ou encore George Sand. Sa grande culture littéraire se ressent dans des œuvres comme la Dante-Symphonie et la Faust-Symphonie (1857), presque aussi « programmatiques » que les dits « poèmes symphoniques ». Il s’intéresse par ailleurs à la politique, notamment à partir de la révolution de Juillet où naît son engagement social, fortement influencé par le saint-simonisme de Lamennais dont il fut un fervent disciple. Liszt passe sa vie à voyager et à enseigner à travers l’Europe, et il est difficile de déterminer quelle est la patrie de ce hongrois de naissance : de Vienne à Paris, de Weimar à la Suisse, la « musique de l’avenir » est son seul foyer. Ses célèbres Années de pèlerinage pour piano, composées tout au long de sa vie, témoignent de la source d’inspiration infinie que représentent pour le compositeur les paysages, les monuments, les œuvres d’art qu’il croise sur sa route. En 1865, alors qu’il avait défrayé la chronique avec ses histoires sentimentales en s’enfuyant notamment avec la comtesse Marie d’Agoult, il se fait ordonner abbé et se consacre alors à la composition d’œuvres religieuses, renouant avec une tendance mystique très présente dans sa personnalité depuis sa jeunesse – ses Harmonies poétiques et religieuses datent de 1849. Animé depuis toujours par un désir de transmission, Liszt a eu une grande influence sur les générations futures, qu’il s’agisse de ses élèves directs, dont font partie Hans von Bülow ou encore Anton Rubinstein, ou de compositeurs qu’il a marqués, parmi lesquels Bedrich Smetana, Edvard Grieg, Alexandre Borodine ou encore César Franck.