7 avril 2024
Les interprètes : Emmanuel Coppey, Anna Sypniewski, Maxime Quennesson, Raphaël Sévère, Manuel Escauriaza Martinez-Peñuela, Gabriel Durliat, Arthur Hinnewinkel
FRANZ SCHRECKER
Der Wind pour violon, clarinette, cor, violoncelle et piano
À partir de la fin des années 1900, Franz Schrecker conçut une série d’œuvres destinées à accompagner des chorégraphies des sœurs Wiesenthal. Écrite en 1909, Der Wind est de celles-ci. On ignore si cette pièce d’une dizaine de minutes était initialement imaginée pour ce quintette singulier ou s’il s’agit d’un arrangement ultérieur ; on sait en revanche quel scénario elle suit, et la musique richement évocatrice s’accorde bien au texte de Grete Wiesenthal : « Une brise se lève et les feuilles tremblent légèrement ; les jeunes arbres se balancent et sont obligés de se courber ! Les jeunes dansent, sont soufflés, propulsés par le vent ; ils s’imaginent être emportés dans les airs. Le vent se lève, saisit les branches et les balance de haut en bas. Les hommes aussi sont pris dans ce tumulte, ils courent dans le vent, rient avec lui, se jettent contre lui, s’abandonnent complètement à son jeu. Le vent devient une
tempête, sérieuse et puissante – les gens s’accrochent les uns aux autres pour tenir le coup – c’est une bataille. Le grand arbre tombe. La tempête est passée, il ne reste qu’un léger tremblement dans les feuilles. »
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JOHANNES BRAHMS
Trio pour clarinette, violoncelle et piano en la mineur, op. 114
Au printemps 1891, Johannes Brahms vient de prendre la décision d’arrêter la composition mais poursuit son activité de chef d’orchestre. À l’invitation du directeur de la musique de la cour de Meiningen, Hans von Bülow, il monte sur le podium pour diriger l’orchestre local. Au milieu d’une formation qui l’impressionne fortement, la sonorité du clarinettiste Richard Mühlfeld lui saute aux oreilles, tant et si bien qu’il reprend la plume : il écrira non seulement le Trio pour clarinette, violoncelle et piano op. 114 mais également le Quintette avec clarinette op. 115 puis, quelques années plus tard, deux Sonates pour clarinette et piano op. 120.
Souvent laissé dans l’ombre d’un Quintette op. 115 autrement plus développé, le Trio op. 114 s’inscrit néanmoins dans la digne lignée du Trio « Gassenhauer » de Beethoven, conçu pour la même formation. La concision des mouvements et leurs oppositions de caractères en font une œuvre singulière. Brahms ménage deux mouvements centraux d’une légèreté étonnante, qui contrastent radicalement avec la dramaturgie des mouvements extrêmes : l’Allegro initial se déploie tout entier à partir du bref motif entonné par le violoncelle seul et reste dans des tonalités sombres d’un bout à l’autre du mouvement, ce qui est également le cas du finale, agité et tourbillonnant. Au centre, le tendre Adagio voit le violoncelle et la clarinette s’envoler dans un duo lumineux, avant un scherzo calme et dansant qui rappelle les Liebeslieder Walzer du compositeur.