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29 avril 2012

16e Festival de Pâques de Deauville - dimanche 29 avril 2012
Salle Elie de Brignac-Arqana -

Les interprètes : Julie Fuchs, Le Balcon, Alphonse Cemin, Maxime Pascal

Du beau monde, il y en a au sein du Balcon. Autour de son directeur musical Maxime Pascal, la formation regroupe en effet toute une nouvelle génération d’interprètes, de compositeurs, de vidéastes, de techniciens qui a donné un sacré coup de jeune à la réception de la musique contemporaine. Leur credo ? S’appuyer sur les nouvelles technologies pour permettre des conditions d’écoute optimales quel que soit le lieu choisi, décloisonner les répertoires, proposer des spectacles innovants sans jamais transiger sur la qualité artistique. En ce dimanche 29 avril 2012, pour la clôture de la 16e édition du Festival de Pâques de Deauville, l’ensemble faisait ses débuts in loco dans un programme qui regroupait la Symphonie de chambre n°1 de Schönberg, un des manifestes de la modernité musicale, et un cycle de lieder méconnu de Richard Strauss.

On pourra donc juger sur pièces de la qualité des différents pupitres du Balcon dans l’œuvre de Schönberg, exigeant des quinze instrumentistes réunis pour l’occasion de véritables qualités solistiques, et profiter du chant envoutant de Julie Fuchs dans les Brentano-Lieder, un recueil où Strauss retourne aux sources du romantisme allemand en puisant son inspiration dans la poésie de Clemens Brentano, un contemporain de Goethe. Fidèle au Balcon depuis ses débuts, la soprano française était alors en pleine ascension et s’apprêtait à faire fondre le public parisien dans la Ciboulette de Hahn.

Quand en cet été 1906 Arnold Schönberg compose sa symphonie de chambre n° 1, Gustav Mahler écrit sa symphonie n° 8. D’un côté quinze « instruments solistes » comme le précise la partition, de l’autre une masse orchestrale et chorale gigantesque qui a valu le surnom de symphonie « des Mille ». Les différences entre les deux œuvres ne relèvent pas seulement de livres de comptes ou du calcul de décibels. Elles signalent le tournant que prenait la musique à Vienne en ce début de siècle. Mahler épuise le modèle de la symphonie tandis que son cadet de quatorze ans veut la réinventer. La création de la symphonie de chambre au Musikverein le 8 février 1907 suscita un beau scandale. Certains spectateurs se levaient ostensiblement, d’autres sifflèrent. A en croire son épouse, Mahler se serait mis en colère pour obtenir le silence. Ce qui ne l’empêcha pas de confier à Alma : « Je ne comprends pas sa musique mais il est jeune et il a peut-être raison ». Comment expliquer un tel tollé ? L’effectif sans doute : un quatuor à cordes (en l’occurrence le quatuor Rosé) renforcé par une contrebasse et dix instruments à vents. La distribution sonore conventionnelle en faveur des cordes s’en trouve renversée ; et puis le style, bien sûr. Il ne faut pas espérer entendre les deux ou trois thèmes classiques dans un mouvement de symphonie, ni une organisation en quatre parties. Malgré une découpe, discrète, en cinq sections, Schönberg fond ces vingt minutes de musique en seul geste. Innovation mélodique significative, la présence obstinée de la quarte se fait entendre de façon claironnante dès la cinquième mesure par un appel pressant de deux cors qui en enchaînent six dans une montée mélodique assez inconfortable. Bien que l’armature indique mi majeur par ses quatre dièses et que la symphonie s’achève sur la tonique à la basse, Schönberg se plaît à saper le système tonal en remplaçant les traditionnels accords de tierce par des quartes. Il explique qu’elles « n’apparaissent pas seulement en tant que mélodie ou simple effet d’accord impressionniste, mais leur caractère particulier pénètre la structure harmonique tout entière : ce sont des accords comme les autres. » Schématiquement on peut résumer la forme de cette pièce très complexe à une combinaison entre une forme sonate (exposition, développement, récapitulation) et une structure symphonique (premier mouvement, scherzo, mouvement lent, finale). Les schémas traditionnels commençaient à vaciller dans tous les domaines. Picasso révéla en cette même année 1907 ses Demoiselles d’Avignon.

C’est une tout autre atmosphère qui attend l’auditeur des Brentano-Lieder composés 1918, année durant laquelle Richard Strauss compose une trentaine de lieder. Ce recueil de six pièces tire naturellement son nom du poète Clemens Brentano (1778-1842), un des premiers auteurs romantiques allemands dont la sœur Bettina fut proche de Goethe et Beethoven. An die Nacht (A la nuit) s’enfonce ainsi dans une voluptueuse obscurité. Ich wollt ein Sträußlein binden (Je voulais faire un petit bouquet) entrelace l’attente amoureuse dans une gerbe d’arabesques mélodiques. Säusle, liebe Myrte (Murmure, aimable myrte) se place dans un paysage pastoral idyllique que baigne la douce lumière du soir. Als mir dein Lied erklang (Quand j’entendis ton chant) associe le chant d’amour aux beautés de la nature. Amor (Amour) raconte les mésaventures du dieu dont les ailes prennent feu, tout comme le cœur de la bergère qui le recueille sur ses genoux. Strauss fait tinter la voix avec des effets qui rappellent ceux de Zerbinette dans son opéra Ariane à Naxos. Le cycle se termine par le long Lied der Frauen (Chant des femmes) dont le tumulte fait écho à l’inquiétude des épouses de marin, de berger, du mineur et de soldat. Rien d’étonnant en 1918.

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À (RÉ)ÉCOUTER

Arnold Schoenberg (1874 - 1951), Symphonie de chambre n° 1 opus 9

16e Festival de Pâques de Deauville, dimanche 29 avril 2012
Le Balcon ensemble , Maxime Pascal direction
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Claude Debussy (1862 - 1918), Nuit d'étoiles pour voix et piano, L. 4

16e Festival de Pâques de Deauville, dimanche 29 avril 2012
Julie Fuchs soprano , Alphonse Cemin piano
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