28 juillet 2015

Un concert pour montrer toutes les facettes de l’Ensemble Messiaen, un jeune quatuor français composé de Raphaël Sévère à la clarinette, David Petrlik au violon, Volodia van Keulen au violoncelle et Théo Fouchenneret au piano. Autour de la formation voulue par Messiaen pour son Quatuor pour la fin du temps, les musiciens cherchent en effet à varier les effectifs pour explorer certains répertoires rares au concert. C’est le cas par exemple du Trio pour clarinette, violoncelle et piano de Zemlinsky, qui concluait ce concert du mardi 28 juillet 2015 et que l’on entend plus souvent dans sa version pour trio avec piano classique avec un violon à la place de la clarinette. C’est pourtant avec le timbre si particulier de cette dernière que l’œuvre prend tout son sens, d’autant plus qu’elle est un hommage direct au Trio opus 114 de Brahms, écrit pour la même formation. En 1896, le jeune Zemlinsky venait en effet de faire la rencontre décisive avec le vieux maître, autorité musicale respectée dans tout Vienne et qui était sorti de sa retraite de compositeur suite au choc ressenti à l’écoute de la clarinette de Richard Mühlfeld. Au programme également, un autre trio, mais cette fois le violon prend la place du violoncelle dans la Suite de l’Histoire du Soldat de Stravinsky, l’une des nombreuses adaptations d’une de ses œuvres par le compositeur lui-même. Il ne faut pas oublier que cette musique de scène inspirée par la légende de Faust est née durant les années difficiles de la Première Guerre mondiale où Stravinsky avait trouvé refuge en Suisse et que seuls des effectifs plus légers pouvaient alors garantir de fréquentes exécutions. A partir de la version originale pour récitant(s) et sept musiciens, Stravinski a donc réalisé cette adaptation pour un format encore plus réduit de trois musiciens à la demande du clarinettiste Werner Reinhardt (clarinettiste oui, mais surtout mécène important de Stravinsky durant cette période…) et qui reprend les numéros les plus emblématiques de l’œuvre. Il fallait aussi bien évidemment une page de Messiaen pour compléter ce concert de son ensemble éponyme, mais … surprise ! on n’entendra pas ici le fameux Quatuor pour la fin du temps, mais une autre page chambriste du compositeur, en l’occurrence son Thème et Variations pour violon et piano, cadeau de mariage offert par Messiaen à sa première femme Claire Delbos en 1932. Magie du festival de Deauville, Ismaël Margain était alors lui aussi de passage dans la ville, et offrait en ouverture à ce concert les raffinées Valses nobles et sentimentales de Ravel.