8 août 2012
Les interprètes : Alexandra Soumm, Adrien La Marca, Victor Julien-Laferrière, Ismaël Margain, Guillaume Bellom
La première partie de ce concert du 8 août 2012 était dévolue à la musique française au sens large, de Fauré à Ysaÿe en passant par l’exilé Martinů, parisien entre 1923 et 1940.
Charmantes enfantines pour commencer avec les scènes intimes croquées par Fauré dans Dolly, un recueil composé au fil des anniversaires d’Hélène Bardac, la fille d’Emma Bardac (future Madame Debussy), et où l’on croise en vrac le chien Kitty ou le grand frère Raoul (Mi-a-ou, c’est lui !). Un joli cadeau qui vaut bien les Children’s Corner de Debussy, composée à l’intention de Chouchou… l’autre fille d’Emma Bardac ! Encore un pied dans l’enfance, les inséparables Ismaël et Guillaume Bellom offrent de ce recueil une lecture pleine de rêverie et de tendresse. Avec Ravel et Kodály, Bohuslav Martinů fait quant à lui partie de ces rares compositeurs à s’être frotté avec succès au genre délicat du duo pour violon et violoncelle. Écrit lors de ses folles années parisiennes, le 1er Duo H157 de 1927 va comme un gant au jeu épicé d’Alexandra Soumm et Victor Julien-Laferrière avec ses rythmes si marqués et ses passages polytonaux si caractéristiques. Dédié à Gabriel Fauré, modèle du futur Poème de Chausson, le Poème Elégiaque d’Ysaÿe date de son côté de 1893 et se veut l’illustration en musique du Roméo et Juliette de Shakespeare. Brillante pièce de concert, l’œuvre nous donne une idée de ce que pouvait être le talent et la virtuosité d’Ysaÿe à l’époque et trouve en Alexandra Soumm un ambassadeur digne d’elle.
Changement total d’atmosphère après l’entracte avec le Trio opus 114 de Brahms, donné ce soir-là dans sa version pour alto, violoncelle et piano. Une œuvre dense et mélancolique, fruit de la rencontre au soir de sa vie de Brahms avec le clarinettiste Richard Mühlfeld et qui lui inspirera notamment le quintette pour clarinette et quatuor à cordes ainsi que les deux sonates opus 120. Pour l’heure, cette version avec alto pose moins de problème d’équilibre que celle avec clarinette et permet à Adrien La Marca d’entrelacer sans problème ses arabesques dans le son charnu et chaleureux de son camarade Victor Julien-Laferrière. En soutien, Ismaël Margain se révèle un pianiste aussi à l’aise dans l’univers de Brahms que pouvait l’être Adam Laloum.