1er août 2020
Les interprètes : Marie-Laure Garnier, Odon Girard, Ismaël Margain, Guillaume Bellom
JOHANNES BRAHMS
Zwei Gesänge pour voix, alto et piano opus 91
En 1864, Johannes Brahms devient le parrain du premier enfant de son excellent ami – et célèbre violoniste – Joseph Joachim. S’il ne peut malheureusement pas assister au baptême, le compositeur écrit et envoie aussitôt à la jeune famille une « berceuse sacrée » (Geistliches Wiegenlied) pour voix avec accompagnement de piano et d’alto. Brahms fait allusion en musique à l’heureux événement, reprenant un chant de Noël du XVIe siècle où Marie s’adresse à Joseph (« Joseph lieber, Joseph mein »). Mais le compositeur masque habilement sa dédicace aux oreilles non averties : il choisit de dépouiller la mélodie de ses paroles, de la confier à l’archet et de tisser au-dessus une autre ligne pour la voix, sur un autre texte – un poème d’Emmanuel Geibel. Vingt ans plus tard, cette pièce deviendra la deuxième de ses Zwei Gesänge opus 91. La première est une mélodie sereine parmi les plus réussies (et les plus justement célèbres) de Brahms. Comme dans la berceuse, alto-voix et alto-instrument dialoguent et entrelacent leurs phrases jusqu’à l’aboutissement de ce « désir apaisé » (Gestillte Sehnsucht).
GUSTAV MAHLER
Des Knaben Wunderhorn pour voix et piano
Der Schildwache Nachtlied
Das irdische Leben
Wo die schönen Trompeten blasen
Urlicht
Publié par Achim von Arnim et Clemens Brentano entre 1805 et 1808, le recueil Des Knaben Wunderhorn (Le Cor magique de l’Enfant) devra attendre Gustav Mahler pour connaître le retentissement musical auquel il semblait promis. Cet ensemble de plusieurs centaines de chants populaires germaniques anciens contenait pourtant déjà une quantité d’ingrédients inspirants pour les compositeurs romantiques : exaltation de la nature, tableaux nocturnes, sentiments amoureux et douleur face à la mort sont autant de thèmes majeurs qui se relaient au fil des lieder. Échos des guerres napoléoniennes, les rythmes et sonneries militaires sont omniprésents. La naïveté enfantine est un autre fil conducteur de l’ouvrage. Le mélange de cette expression légère avec tous les thèmes sombres précités convient particulièrement bien au style de Mahler qui, à partir de 1888, commence à écrire plus de vingt lieder sur des textes du recueil. Ouvrant la sélection présentée ce soir, Ablösung im Sommer et Das irdische Leben offrent un contraste puissant : alors que le premier déploie un paysage printanier insouciant où le rossignol chante joyeusement, le second fait entendre la détresse d’un enfant dont la mère ne peut pas soulager la faim. La pièce est « effrayante et forte dans l’agitation bruissante et sinistre de l’accompagnement, dans les cris torturés d’angoisse de l’enfant et la réponse uniforme et lente de la mère », détaillera Mahler. S’ensuivent deux lieder militaires : Der Schildwache Nachtlied met en scène une sentinelle qui dialogue avec sa fiancée ; rythmes martiaux et discours caressant se répondent innocemment. La conversation se poursuit dans Wo die schönen Trompeten blasen mais dans un tout autre registre : le soldat n’est plus qu’un spectre promis à errer sur les champs de bataille. Inséré dans la Symphonie n° 2 « Résurrection », le très habité Urlicht dessine pour conclure l’ascension « vers la vie éternelle et bénie ».
FRANZ SCHUBERT
Rondo pour piano à quatre mains D. 951
JOHANNES BRAHMS
Danses hongroises pour piano à quatre mains WoO 1
ANTONIN DVORAK
Danses slaves pour piano à quatre mains opus 46
Presto-Furiant
Danses slaves pour piano à quatre mains opus 72
Ellegretto Grazioso – Doumka