Georg Friedrich Haendel
De sa mort au début du XXe siècle, la réputation de Georg Friedrich Haendel se fondait sur la connaissance d’un petit nombre d’œuvres orchestrales et d’oratorios, le Messie en particulier. En réalité, Haendel a laissé des œuvres dans tous les genres musicaux qui existaient en son temps, vocaux et instrumentaux. Son œuvre considérable – plus de 600 numéros d’opus – regroupe notamment de fameux concertos pour orgue et concertos grossos, entre autres suites pour clavecin, dont il était par ailleurs un virtuose, sonates en trio, cantates profanes… Il s’est particulièrement illustré dans le genre de l’opéra, depuis ses premières compositions sur des livrets italiens jusqu’à l’établissement d’un genre propre, celui de l’oratorio anglais, qu’il a grandement participé à inventer et à établir. Après la Saxe, où il passe sa jeunesse et étudie la composition tout en étant d’abord organiste à la cathédrale de Halle, Haendel séjourne en Italie où il se perfectionne quatre années durant et s’approprie les codes de l’opéra baroque – se livrant par ailleurs à des joutes musicales au clavier face à Domenico Scarlatti. En 1711, il fait sensation à Londres avec Rinaldo, premier opéra italien à être composé et créé dans la capitale. Un an plus tard, Haendel décide de s’installer en Angleterre et devient rapidement le musicien le plus apprécié de la capitale britannique – en témoignent le grand nombre de portraits qu’on lui fait de son vivant. Il s’attire les faveurs de la couronne d’Angleterre avec son Te Deum (1713), rempli de références à Purcell, figure essentielle du patrimoine national à laquelle le compositeur d’origine allemande compte bien se mesurer. Son plan réussit, puisque c’est à lui qu’on fait appel pour les célébrations en grande pompe : Water Music est créé sur la Tamise, en juillet 1717, lors de fêtes aquatiques. Trente ans plus tard, il sera toujours aussi apprécié par la couronne qui lui commandera Music for the Royal Fireworks (« Musique pour les Feux d’artifice Royaux », 1749). Compositeur prolixe, chef d’orchestre exigeant, impresario habile, il excelle d’abord au King’s Theater où sont représentés la plupart de ses opéras. En 1720, il participe à la création de la première Royal Academy of Music, société placée sous le haut patronage du roi et dédiée à la création d’opéras, qui lui commande pas moins de quatorze œuvres, dont Jules César en Égypte (1723). Mais après avoir essuyé quelques échecs, il tourne le dos au théâtre lyrique et se reconvertit dans la composition d’oratorios sur des thèmes bibliques ou des personnages historiques (Le Festin d’Alexandre, 1736 ; Israël en Égypte, 1739 ; Samson, 1743), auxquels il est le premier à donner une profondeur dramaturgique et psychologique. La synthèse des différentes traditions musicales européennes à laquelle il parvient dans son œuvre en fait, avec son contemporain Johann Sebastian Bach, un des meilleurs représentants de l’apogée musicale baroque et humaniste qui inaugure le siècle des Lumières.