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4 mai 2013

17e Festival de Pâques de Deauville - samedi 04 mai 2013
Salle Elie de Brignac-Arqana -

Les interprètes : Amaury Coeytaux, Guillaume Chilemme, Adrien La Marca, Adrien Boisseau, Bruno Philippe, Amaury Viduvier, Jérôme Ducros, Guillaume Bellom

Un concert à géométrie variable comme le Festival de Deauville les affectionne. En ce samedi 2 mai 2013, on passera ainsi successivement du duo pour alto et violoncelle à une insolite formation unissant, un peu à la manière du Concert de Chausson, un alto soliste, un piano et un quatuor à cordes. Ces Escena de Andalucia de Joaquin Turina, compositeur espagnol venu à Paris parfaire sa formation à l’instar de ses aînés Albéniz ou Granados, sont d’ailleurs la redécouverte majeure de ce programme, l’alto d’Adrien La Marca déambulant avec bonheur dans les artères sévillanes pour chanter la sérénade à sa belle. Une nuit dans les ruelles d’Espagne sensuelle, d’autant plus que l’altiste remplaçait au pied levé Antoine Tamestit souffrant. Plus tôt dans la soirée, on aura pu profiter de l’humour caustique du jeune Beethoven, moquant dans son Duo Pour deux lunettes obligées la myopie de son dédicataire, le violoncelliste Nikolaus Zmeskall von Domanovecz, ainsi que de la franche cordialité de Mozart, capable d’esquisser un trio d’une douceur exquise au milieu d’une joyeuse partie de quilles. Succédant à Anton Stadler, l’homme qui avait fait connaître à Mozart toutes les subtilités de son instrument et futur destinataire des magnifiques Quintette et Concerto pour clarinette, Amaury Duvivider y fait preuve de tout son talent et nous démontre qu’il faudra compter avec lui dans les prochaines années. Morceau de choix enfin, avec le 2e Quatuor avec piano de Gabriel Fauré, œuvre manifeste où le maître parvient à se libérer totalement des influences germaniques encore perceptibles dans ses pages chambristes précédentes, notamment dans un Adagio non troppo où le glas d’une sonnerie au loin n’est pas sans annoncer les rêveries nocturnes de Ravel ou Debussy. Figure du festival, Jérôme Ducros joue les grands frères et conduit du piano ses jeunes camarades Amaury Coeytaux, Adrien Boisseau et Bruno Philippe dans une œuvre aussi paisible à écouter que difficile à monter.

Qui est un peu familier de Beethoven sait que la numérotation WoO (Werk ohne Opuszahl : œuvre sans numéro d’opus) réunit des partitions en marge du catalogue officiel (les numéros d’opus) considérées comme mineures, souvent écrites par un jeune homme. Le présent duo date en effet des années 1796-1797 et côtoie donc les premières sonates pour piano et les deux sonates pour violoncelle et piano. Il se compose de deux mouvements qui totalisent une douzaine de minutes. Son titre étrange pourrait faire allusion au violoncelliste créateur cette pièce en compagnie de Beethoven à l’alto : il s’agit de son ami Nikolaus Zmeskall von Domanovecz (1759-1833), secrétaire à la chancellerie de Hongrie à Vienne, compositeur et violoncelliste amateur, à qui il dédiera en 1810 son quatuor à cordes n° 11. Les lunettes feraient référence à la myopie de l’intéressé. L’Allegro s’ouvre par un thème énoncé d’abord par l’alto et marqué par un saut d’octave, aussitôt repris par le violoncelle. La seconde idée, présentée par le violoncelle, est une montée un peu rude. Le menuet, de forme symétrique, comporte une section centrale dite trio. Il ne faut rien chercher d’autre dans cette musique que le plaisir de la musique domestique.

« La vérité est, qu’avant 1870, je n’aurais pas songé à composer une sonate ou un quatuor. Il fallut que Saint-Saëns fondât la Société Nationale de Musique, dont la principale occupation devait être justement d’exécuter les ouvrages des jeunes compositeurs, pour je me misse à l’ouvrage. » Fondée après la guerre, cette société a pour devise Ars Gallica et compte bien favoriser la diffusion de la musique instrumentale, pour le salon ou la salle de concert, quand triomphe l’opéra. Fauré, comme Franck et plus tard Ravel et Debussy, en profiteront.
C’est donc naturellement dans le cadre de ces concerts que Fauré, au piano, fera entendre le 22 janvier 1887 son quatuor opus 45 dans les salons Pleyel, rue de Richelieu, à Paris. Probablement achevé l’année précédente, il commence Allegro molto moderato par un thème en notes conjointes énoncé fortissimo à l’unisson par les cordes sur une tempête de doubles croches régulières du piano. Le second sujet, Molto tranquillamente, contraste par son caractère méditatif. Après cette longue première partie, les trois minutes de l’Allegro molto passent comme un intermède trépidant, une chevauchée haletante balisée des croches du piano. Elles préparent la rupture causée par l’Adagio non troppo profond et intimiste : le compositeur y évoque le son des cloches enveloppant « une vague rêverie » sans oublier de faire référence au thème principal du quatuor, entendu au tout début. Souvent considéré comme le moment le plus faible, le finale, Allegro molto peut en effet sembler un peu bavard par la prolifération de ses idées. Les interprètes doivent alors, plus que jamais, soutenir la musique et parvenir au Più mosso (plus agité) et fortissimo conclusif.

Comme le duo de Beethoven, ce trio porte un sous-titre évoquant non le destinataire, mais les circonstances de composition. La légende veut en effet que Mozart en ait trouvé l’inspiration lors d’une partie de quilles chez son ami Nikolaus Joseph Freiherr von Jacquin (1727-1817), chimiste et botaniste. Mozart était intime de la famille, notamment des enfants à qui il dédiera plusieurs partitions. Le trio sera achevé le 5 août 1786. Singulier, il le reste pour plusieurs raisons. Par sa combinaison instrumentale unique, par l’ordre des mouvements (il commence par un Andante et non un Allegro) et par la présence de la clarinette, instrument encore nouveau. C’est probablement pour Anton Stadler, virtuose de l’instrument et futur dédicataire des merveilleux quintettes et concerto, que Mozart rédigea cette page. Il tenait l’alto et Franziska von Jacquin le piano.
Le trio s’ouvre donc calmement par un unisson entre l’alto et la main droite du piano : un motif de deux mesures centré sur un gruppetto, cet enroulement mélodique autour d’une même note, ici la tonique de mi bémol. La clarinette va aussitôt s’en emparer. Impossible de rater ce bref motif : il irrigue tout le mouvement au point que le second thème, présenté par la clarinette soutenue par le piano, ressemble au premier ! Ces quelques six minutes passent ainsi comme une amicale discussion (la mesure à 6/8 contribue à la fluidité de la parole). Le menuet convoque d’emblée et forte les trois instruments, clarinette et main droite jouant en parallèle. La partie centrale, le trio, est signalée par quatre notes à la clarinette auxquelles répondent de vigoureux triolets de l’alto et une ligne plus décousue du piano. C’est également la clarinette qui lance le finale, Allegretto, de forme rondo, c’est-à-dire refrain et couplets. Le piano lui répond aussitôt sur le même ton insouciant. Cette idée n’est pas sans rappeler le second thème du premier mouvement. On peut résumer la forme de ce mouvement en sept parties comme suit : AB-AC-AD-A, A étant bien sûr le refrain.

C’est dans le cadre des concerts de la Société Indépendante de Musique, fondée en concurrence à la Société Nationale de Musique, que fut créé cette Scène andalouse. Ce 21 décembre 1911, salle Gaveau, Joaquín Turina tenait la partie de piano, et Lise Blinoff, membre de l’orchestre Colonne à qui la partition est dédiée, l’alto, rejoint par le quatuor féminin Leroux-Reboul. Comme ses compatriotes Falla et Albeniz, Turina séjourna longtemps à Paris. Venu en 1905 pour se perfectionner auprès de Moritz Moszkowski et Vincent d’Indy, ce Sévillan fit aussi la connaissance des modernes tels Debussy et Ravel. A l’inverse des Espagnols suscités auxquels il faut ajouter Granados, Turina participa au renouveau musical de son pays par un important catalogue de musique de chambre. Ses premiers numéros portent une référence marquée à ses origines : Sevilla opus 2, Rincones sevillanos opus 5, Tres Danzas andaluzas opus 8 pour piano. Divisée en deux parties et totalisant une douzaine de minutes, la Scène andalouse s’ouvre sur un Crépuscule. Le piano, seul, en dessine les contours par un mouvement ondulant Allegretto mosso et fortissimo. Après cette longue introduction, l’alto prend la parole, sans doute celle du compositeur. Le quatuor dresse le décor. Cette partition singulière qui n’est pas un sextuor avec piano mais bien une pièce pour alto solo et cinq instruments, se poursuit, après un premier temps passé de la sérénade à la habanera et conclu par un unisson forte (pizzicato des cordes), par un Andantino mosso. La déambulation en ville achevée, le compositeur s’installe A la fenêtre. Si le piano est à nouveau sollicité, dès la première mesure, c’est le premier violon qui tient la voix principale. Des souvenirs du premier mouvement se glissent ça et là avant que cette Scène andalouse se termine sur un fortissimo de tous les instruments (et encore un pizzicato des cordes) menée par de puissants arpèges du piano.

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À (RÉ)ÉCOUTER

Ludwig van Beethoven (1770 - 1827), Duo pour alto et violoncelle pour deux lunettes obligées en mi bémol majeur, WoO 32

Joaquín Turina (1882 - 1949), Escena de Andalucia pour alto, quatuor à cordes et piano, op. 7

REPLAY
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