Johann Sebastian Bach
Maître absolu du contrepoint, Johann Sebastian Bach a su comme personne avant et après lui offrir une musique capable à la fois de serrer les cœurs, élever l’âme et contenter l’esprit. Même s’il est issu d’une lignée de musiciens, rien ne laissait prévoir le miracle qui allait être celui de la musique de Bach. Il apprend ainsi dans un premier temps le violon avec son père Johann Ambrosius, mais, orphelin à dix ans, il poursuit sa formation avec son cousin Johann Christoph à Ohrdruf sur les instruments à claviers. C’est là aussi qu’il acquiert une brillante culture générale, commence à chanter dans les chœurs de la ville, à découvrir la mécanique d’un nouvel orgue en train de se construire et surtout à recopier toute la musique qui lui tombe sous la main (tous styles confondus). A quinze ans, il suit son ami Georg Erdmann et rejoint à pied Lunebourg (à 300 kilomètres de là) et étudie notamment auprès de Georg Böhm. Après une première mission à Weimar, sa réputation au clavier lui permet d’obtenir le poste d’organiste à Arnstadt en 1703. Mais les improvisations trop savantes de Bach et ses absences répétées à la tribune (notamment lors d’un voyage qu’il fait à pied pour aller écouter le maître Buxtehude à 400 kilomètres de là…) finissent par irriter les autorités de la ville. Il officie un temps à Mühlhausen, non loin de là, et compose alors ses premières cantates d’église (Aus der Tiefe rufe ich, Herr, zu dir BWV 131, Christ lag in Todesbanden BWV 4, Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit BWV 106…), sans compter de nombreuses œuvres pour clavecin et orgue (chorals, toccatas, fugue). En 1708, il rejoint la cour de Weimar pour une petite dizaine d’années, poursuivant son œuvre d’orgue (la célèbre Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 date de cette période) et la composition de cantates d’église. Il fait alors également sien le style italien, transcrivant des concertos de Vivaldi. Entre 1717 et 1723, il est maître de chapelle à Köthen, une cour calviniste pour laquelle il ne doit pas composer de musique religieuse. C’est donc l’époque des grands cycles instrumentaux : Ouvertures pour orchestre, Concertos brandebourgeois, Sonates et partitas pour violon, Suites pour violoncelle, Premier Livre du Clavier Bien tempéré, Suites anglaises, Suites françaises… Période féconde où il a néanmoins la douleur de perdre sa première Maria Barbara en 1720, avant de se remarier peu de temps après avec Anna Magdalena. Malheureusement, les relations se dégradent avec son employeur, en particulier au moment du remariage du prince Leopold en 1721. Bach cherche un nouvel emploi, et après quelques tentatives infructueuses, obtient le poste de Cantor de l’église Saint Thomas Leipizig en 1723, le couronnement de sa carrière (mais pour les autorités de la ville, Bach a longtemps été un deuxième choix…). Il peut de nouveau composer des cantates sacrées, ce qui lui est demandé à un rythme très soutenu, sans compter de nombreuses pièces de circonstance pour les cérémonies officielles. Il doit en outre assurer de nombreuses tâches d’enseignement pour des élèves pas forcément assidus. C’est néanmoins la période des grands chefs-d’œuvre vocaux (Passion selon Saint Jean, Passion selon Saint Matthieu, Magnificat, Oratorio de Noël, …), ainsi que celle du grand cycle pour clavier du Clavier-Übung comprenant les Six partitas pour clavecin, le Concerto Italien et l’Ouverture BWV 831, des chorals pour orgue et les fameuses Variations Goldberg. Ces dernières ouvrent la dernière période créatrice de Bach, celle où devant renoncer progressivement à ses obligations de Cantor, il peut se consacrer à des œuvres spéculatives, comme l’Offrande musicale, née suite à un voyage à Postdam auprès de Frédéric II de Prusse. Souffrant de la vue, Bach subit en 1749 plusieurs opérations qui le rendent presque complètement aveugle. Il meurt l’année suivante, sans avoir pu achever L’Art de la fugue, son dernier chef-d’œuvre.