Felix Mendelssohn-Bartholdy
Trop classique, trop joyeuse, trop élégante… Adulé de son vivant, Felix Mendelssohn dut pourtant subir d’injustes critiques après sa disparation, la postérité ne lui pardonnant pas, au choix selon les époques, ses origines juives, la richesse de sa famille, une vie trop tranquille comparée aux tourments des autres grandes figures romantiques. Autre crime impardonnable, avoir produit encore adolescent des chefs-d’œuvre aussi accomplis que l’ouverture pour Le Songe d’une nuit d’été ou le non moins féérique Octuor à cordes, à tel point qu’on a pu lui reprocher de n’avoir jamais su retrouver l’inspiration de ses brillantes années de jeunesse. Ce serait oublier l’intense activité déployée par le musicien durant sa courte vie, partagée entre la direction des prestigieux concerts du Gewandhaus de Lepizig (à partir de 1835) et des tournées triomphales dans toute l’Europe, notamment en Grande-Bretagne. D’une grande générosité, Mendelssohn savait aussi défendre comme personne la musique des autres : à vingt ans, il recréa à Berlin La Passion selon Saint Matthieu de Bach, belle endormie depuis près de cent ans ; dix ans plus tard, il dirige la première exécution de la Grande Symphonie en ut de Schubert, retrouvée dans ses cartons par le frère de ce dernier et confiée à Schumann ; lequel Schumann put toujours compter sur le soutien indéfectible de Mendelssohn, son voisin leipzigois. Une vie heureuse certes, à laquelle cependant il convient de ne pas oublier certaines humiliations, comme sa candidature malheureuse en 1833 au poste de directeur de la Sing-Akademie de Berlin, qui lui préfère le plus chrétien Carl Friedrich Rungenhagen, mais surtout de profondes blessures, notamment la disparition brutale de sa sœur bien-aimée Fanny en mai 1847. Encore brisé par le chagrin, il décèdera quelques mois plus tard, en novembre 1847, non sans avoir pu achever un poignant quatuor à cordes à la mémoire de Fanny, le plus bouleversant requiem instrumental qui soit, et point culminant d’une production chambriste dont il faut également retenir les trois quatuors de l’opus 44, maître-étalon du genre pour toute la génération romantique, les deux trios pour piano, violon et violoncelle, deux sonates pour violoncelle et piano négligées de façon incompréhensible, et bien évidemment l’aérien Octuor de 1825 déjà évoqué.