Voyage à Vienne
Capitale de la musique, Vienne a accueilli dans ses murs une quantité de compositeurs célèbres, allant jusqu’à donner son nom à des courants musicaux essentiels. Le terme de « première école de Vienne » rassemble par exemple le trio Haydn-Mozart-Beethoven.Le premier nommé a passé la majeure partie de sa vie dans la plus grande ville autrichienne. Chanteur à la cathédrale pendant son enfance, Joseph Haydn a ensuite été au service de la prestigieuse famille Esterhazy, dont le domaine est situé légèrement à l’écart du centre-ville. C’est dans ces murs que le compositeur a élaboré de nombreux chefs-d’œuvre, devenant un modèle pour des générations de musiciens.Wolfgang Amadeus Mozart cède aux sirènes de la capitale en 1781, après avoir sillonné toute l’Europe. Sitôt arrivé, il découvre les derniers quatuors composés par Haydn et écrit en réponse un formidable quatuor dédié à son illustre aîné : le Quatuor K. 387 en sol majeur. Si Vienne reste irrémédiablement associée à la triste fin de Mozart, il ne faut pas oublier que le compositeur y a vécu des succès notables et de vrais moments de bonheur : en mai 1786, la création des Noces de Figaro au Burgtheater est saluée par une ovation. Pendant l’été qui suit, Mozart passe dans la famille Jacquin un séjour sans nuage, ponctué de parties de quilles avec le clarinettiste Anton Stadler. Le compositeur immortalise ces vacances en donnant le nom « des quilles » à un trio pour piano, clarinette et alto. Un an après, il envoie sa Sonate pour piano à quatre mains K. 521 à Franziska von Jacquin, en souvenir des agréables moments de détente et de musique passés dans leur propriété viennoise.Né à Bonn, Ludwig van Beethoven s’installe dans la capitale autrichienne quelques mois après la mort de Mozart. S’intégrer à la société viennoise était primordial pour tout compositeur ambitieux. Les œuvres de Beethoven portent la marque de ses rencontres : le Duo « pour lunettes obligées » fait allusion à la myopie de son nouvel ami Nikolaus Zmeskall von Domanovecz. Le Quintette « à Kreutzer » porte le nom du célèbre violoniste, rencontré à l’ambassade de France à Vienne.Dans les années 1820, la capitale autrichienne devient le cadre des « schubertiades » où hommes de lettres, chanteurs, compositeurs se retrouvent, dans l’atmosphère amicale d’un salon. Franz Schubert y joue ses pièces pour piano à quatre mains, accompagne un ami baryton dans de nombreux lieder… Ceux-ci se retrouveront parfois dans des œuvres de musique de chambre de grande ampleur (Quatuor « La jeune fille et la mort », Quintette « La Truite »…).Vienne conservera toujours un vrai pouvoir d’attraction sur les artistes. Johannes Brahms s’y rend à son tour en 1862 ; ses premières œuvres interprétées devant le public viennois sont ses quatuors avec piano opus 25 et 26. Jusqu’à la fin de sa vie, le compositeur appréciera se promener dans les allées du Prater. La ville est désormais un vrai lieu de pèlerinage où l’on peut percevoir les échos de musiques anciennes. Inversement, l’écoute de ces œuvres donne l’impression de déambuler dans des ruelles pavées, de longer un monument ou de pousser la porte d’un salon viennois…
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