Chants d’amour et de mort
Amateurs d’art lyrique, ne passez pas votre chemin : voici un condensé de chefs-d’œuvre vocaux qui ne manqueront pas de vous toucher. Cette série d’enregistrements inédits du Festival de Pâques et de l’Août musical de Deauville balaie plusieurs siècles de répertoire, dans des genres aussi variés que la cantate, le lied germanique et la mélodie française. C’est une cantate sans la moindre citation biblique que compose Johann Sebastian Bach avec Lass, Fürstin, lass noch einen Strahl. L’œuvre, d’une grande beauté, n’est pas écrite pour intégrer un office religieux mais pour rendre un hommage funèbre à la reine Christiane Eberhardine, restée fidèle au protestantisme malgré la conversion de son époux. Le chant est également crépusculaire dans la Chanson perpétuelle d’Ernest Chausson, dernière œuvre achevée par le compositeur avant son décès. Une voix de femme pleure le départ d’un amour et songe à la mort. Un quatuor à cordes se joint au piano, apportant une texture frissonnante au poème de Charles Cros. Dans Der Hirt auf dem Felsen, Franz Schubert ajoute au chant une clarinette, instrument du berger qui, rongé par la solitude, contemple le paysage depuis sa montagne. Dans le lied romantique, la nature, l’amour et la mort sont des thèmes étroitement liés. Chez Robert Schumann, la voix amoureuse est porteuse d’une mélancolie profonde, liée au temps qui passe et que l’on ne peut arrêter (« Du bist wie eine Blume »). Chez Richard Strauss, l’amour est associé aux beautés de la nature (« Als mir dein Lied erklang »), mais c’est un chant inquiet qui clôt le cycle des Brentano-Lieder, composé en 1918 : celui des épouses de marin, de mineur, de berger qui attendent le retour de leurs maris (« Lied der Frauen »). Richard Wagner exprime la plénitude et la pureté de son amour pour Mathilde Wesendonck dans les Wesendonck-Lieder avec orchestre, dont certaines pages annoncent l’opéra Tristan und Isolde (« Im Treibhaus » et « Traüme »). Dans Les Noces de Figaro, la noblesse du chant amoureux est feinte : Susanna prend le ton de la comtesse et fait semblant d’ouvrir son cœur au comte pour rendre jaloux son fiancé Figaro. L’œuvre de Mozart connaît une fin heureuse. Pour conclure sur une note lumineuse, choisissez l’optimisme de La Bonne Chanson, composée par Gabriel Fauré sur des poèmes de Paul Verlaine :Le ciel bleu prolonge, exhausse et couronneL’immuable azur où rit mon amourLa saison est belle et ma part est bonneEt tous mes espoirs ont enfin leur tour.Que vienne l’été !
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